Les sucriers européens à l’assaut du marché africain

Avec la disparition depuis le 30 septembre des quotas sur la production et l’exportation du sucre, l’Union européenne, jusque-là importatrice, va devenir exportatrice. Les producteurs africains, déjà confrontés à des cours particulièrement bas, vont devoir faire face à cette nouvelle concurrence.

Une exploitation de la Compagnie sucrière sénégalaise, à Richard-Toll. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Une exploitation de la Compagnie sucrière sénégalaise, à Richard-Toll. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Publié le 3 octobre 2017 Lecture : 2 minutes.

Depuis le 30 septembre, il n’existe plus de limite à la production et à l’exportation de sucre au sein de l’Union européenne. Cette décision prise par Bruxelles mi-2014, dans le cadre de la réforme de la Politique agricole commune, n’est pas sans conséquence pour les pays africains, qui vont voir leurs productions locales concurrencées par le sucre européen.

En effet, si la Commission européenne assure que les conditions préférentielles assurées par Bruxelles aux Pays les moins avancés (PMA) à travers l’initiative « Tout sauf les armes » (TSA-APE), à savoir des autorisations d’importation sans droit de douane et sans quota, vont continuer à s’appliquer, les volumes en jeu devraient diminuer : alors que l’Europe importait jusqu’à présent entre 3 et 4 millions de tonnes de sucre, elle s’apprête à proposer la même quantité aux pays tiers.

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Un cours historiquement bas

Le Swaziland, l’Île Maurice ou encore le Mozambique, qui figuraient parmi les principaux exportateurs vers l’Union européenne en vertu des accords TSA-APE, pourraient en faire les frais. « L’Union européenne, très attentive à la situation des planteurs de canne à sucre dans les pays en développement, va allouer plus d’1,2 milliard d’euros à la restructuration de leurs activités et leur diversification dans les 18 pays qui fournissent traditionnellement la zone », indique le site de la Commission.

Cette mesure intervient alors même que les cours sont historiquement bas : avec un prix de 14,1 cents la livre (12 centimes d’euro) à la Bourse de New York pour le sucre roux et de 358,7 dollars la tonne pour le sucre blanc à la Bourse de Londres, le produit a perdu plus de 30% de sa valeur en un an. Les pays africains producteurs, déjà mis en difficulté par leurs concurrents brésiliens et asiatiques et fragilisés par la dépréciation des devises africaines face au dollar, devront prouver leur résilience.

Dangote prêt à investir

En effet, les principaux groupes européens lorgnent déjà sur ce marché : l’Afrique, qui compte 15 % de la population mondiale, représente 10 à 12% de la consommation mondiale de sucre. Il y a donc une belle marge de progression, que veulent conquérir aussi bien le n°1 européen, Südzucker, que les géants français Tereos et Cristal Union.

Somdiaa, leader de la production de sucre au Cameroun, au Gabon et en Côte d’Ivoire, a déjà entrepris de protéger ses arrières en accélérant sa diversification, tandis que le marocain Cosumar aurait renoncé en 2016 à son projet d’investissement de 90 millions d’euros dans un projet sucrier au Cameroun. Dangote, au contraire, compte livrer bataille sur le terrain : Alhaji Abdullahi Sule, le directeur de la filiale sucrière du groupe, a annoncé en mai son projet d’investir 450 millions de dollars dans la construction d’une raffinerie de sucre au Nigeria. Quelques jours auparavant, le président du groupe, Aliko Dangote, avait déclaré vouloir produire au Nigeria 1,5 million de tonnes de sucre raffiné à partir de cannes à sucre produites localement, dans les six prochaines années.

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