Sénégal : les forces de l’ordre bloquent les écoles Yavuz Selim, proches de la confrérie Gülen

Réputées proches de la confrérie turque de Fethullah Gülen, accusé par Ankara d’être à l’origine de la tentative de coup d’État durant l’été 2016, les écoles sénégalaises du groupe Yavuz Sélim ont été fermées lundi matin par les forces de l’ordre.

Une salle de classe vide (photo d’illustration). © Alain Levine / Flickr / Creative Commons

Une salle de classe vide (photo d’illustration). © Alain Levine / Flickr / Creative Commons

Publié le 2 octobre 2017 Lecture : 3 minutes.

Recep Tayyip Erdogan, le président turc, et Mohamed Ould Abdel Aziz, le président mauritanien, à Nouakchott le 28 février 2018. © Kayhan Ozer/AP/SIPA
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Les 3 000 élèves du groupe Yavuz Selim ont dû rebrousser chemin lundi matin, en découvrant les forces de l’ordre en faction à l’entrée de leurs établissements. Un déploiement en application d’un arrêté du ministère sénégalais de l’Intérieur rendu public samedi 30 septembre, qui impose « la fermeture des écoles portant l’appellation Yavuz Selim ».

Du côté des parents d’élèves, on se déclare « fortement choqué et bouleversé » par cette décision, qui remet en cause selon eux un modèle « qui a permis à nos enfants de se hisser très souvent sur le podium de l’excellence ». Présentes dans le pays depuis 1998, les écoles Yavuz Selim jouissent en effet d’une très bonne réputation et sont fréquentées par les enfants de l’élite dakaroise. 

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Diplomatie tous azimuts de Ankara

Directeur du journal Le Quotidien et président du conseil d’administration des écoles Yavuz Selim, Madiambal Diagne juge pour sa part que « l’État sénégalais a cédé face à la Turquie d’Erdogan ». Car les écoles Yavuz Selim ont pour spécificité d’être liées à la confrérie du prédicateur turc Fethullah Gülen, accusé par Ankara d’être à l’origine de la tentative de coup d’État durant l’été 2016.

Depuis, la diplomatie turque fait feu de tout bois dans les pays du continent où la confrérie est implantée. En témoigne la rencontre du 24 novembre 2016 entre le président Macky Sall et des membres de la fondation Maarif – un organisme créé par le gouvernement turc pour reprendre le contrôle des établissements affiliés à la confrérie Gülen.

Déjà le 2 décembre 2016, un arrêté du gouvernement avait décidé de retirer l’autorisation d’exercer de l’association Baskent Egitim – qui était alors en charge de la gestion des écoles. Mais « nous avions alors répliqué en portant l’affaire devant la Cour suprême », affirme Madiambal Diagne, offrant ainsi un sursis aux écoles Yavuz Selim.

« Des gages au gouvernement »

Surtout, Madiambal Diagne affirme avoir voulu « donner des gages au gouvernement sénégalais » en procédant à un changement capitalistique, symbolisé par la vente des établissements du groupe à une société créée pour l’occasion, Yavuz Selim S.A.

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Pour donner le change, les investisseurs turcs proches de la confrérie se sont délestés de leurs participations au profit d’une société française, Horizon Éducation, qui détient désormais 61 % du capital – le reste appartenant à des Sénégalais. Une transaction dont « a été informée l’ambassade française et qui respecte le droit français et sénégalais », selon Madiambal Diagne.

Une justice court-circuitée

« On a même proposé au gouvernement sénégalais de prendre le contrôle du groupe, mais c’était toujours insuffisant à leurs yeux, déplore-t-il. Ils ont alors déposé une requête auprès du tribunal le mois dernier pour attribuer nos écoles à la fondation Maarif, que nous avons immédiatement contesté. » Les juges doivent rendre leur arbitrage le 9 octobre, « mais il semblerait que les autorités aient préféré court-circuiter la justice pour satisfaire les exigences des Turcs ».  

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Sur le continent africain, d’autres pays – comme le Mali ou le Nigeria – ont tenté de fermer les écoles affiliées à la confrérie Gülen.  « Il y a plus d’une centaine d’écoles de ce type aux États-Unis et en Allemagne, souligne Madiambal Diagne. Mais il n’y a qu’en Afrique où l’on nous demande de fermer les établissements scolaires. Pourquoi ? » 

Contacté par Jeune Afrique, le ministre de l’Éducation Serigne Mbaye Thiam n’était pas joignable lundi soir.

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