Rwanda : inculpation de l’opposante Diane Rwigara pour incitation à l’insurrection

L’opposante rwandaise Diane Rwigara, qui avait tenté de se présenter à la dernière présidentielle face à l’homme fort du pays, Paul Kagame, a été inculpée avec sa mère et sa sœur pour « incitation à l’insurrection », a-t-on appris mardi. Une audience préliminaire est programmée ce vendredi 6 octobre à Kigali.

Diane Rwigara, en mai 2017 à son domicile de Kigali. © STR/AP/SIPA

Diane Rwigara, en mai 2017 à son domicile de Kigali. © STR/AP/SIPA

Publié le 3 octobre 2017 Lecture : 2 minutes.

« L’accusation a décidé de demander en justice la détention provisoire d’Adeline Rwigara (la mère, NDLR), Diane Rwigara et Anne Rwigara (la soeur, NDLR) », a déclaré mardi Faustin Nkusi, un porte-parole du bureau du procureur. Elles sont poursuivies pour « incitation à l’insurrection ». C’est le nouveau rebondissement dans le feuilleton de l’opposante rwandaise Diane Rwigara qui dure depuis le 29 août, date à laquelle des policiers avaient mené des perquisitions dans l’appartement familial pour deux procédures distinctes.

Deux procédures distinctes

La première vise exclusivement Diane Rwigara, accusée de fraude sur le recueil de ses signatures nécessaires pour se présenter à l’élection présidentielle du 4 août dernier. Elle aurait selon les autorités rwandaises « présenté les signatures de personnes absentes du pays ou décédées ».

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La seconde, qui dure depuis 2012, concerne l’entreprise familiale – qui œuvre notamment dans l’immobilier et les cigarettes –, désormais gérée par sa sœur Anne et visée par des soupçons de fraude fiscale. L’audience initiale dans cette affaire se tiendra ce vendredi à 8h, heure locale, à Kigali, selon les informations de Jeune Afrique. Les charges retenues contre elles devraient être détaillées par le Parquet à cette occasion.

À la suite de la perquisition du 29 août, les policiers avaient procédé à la saisie de sommes en liquide (130 000 dollars), d’ordinateurs et de téléphones portables. Les quatre frères et sœurs et leur mère avaient ensuite été conduits au commissariat, avant d’être relâchés.

Les accusations d’évasion fiscale n’ont finalement pas été retenues

Ont alors suivi une série d’interrogatoires quasi quotidiens au Centre d’investigation de la police pendant les trois premières semaines de septembre, selon les dires de Diane Rwigara. Les trois femmes ont été formellement inculpées et placées en garde à vue le 22 septembre.

Je suis punie pour m’être levée contre l’oppression et dire ce que je pense

Les accusations d’évasion fiscale n’ont finalement pas été retenues contre la famille Rwigara. Dans une interview accordée à l’AFP la veille de son arrestation fin septembre, Diane Rwigara avait dénoncé le caractère politique selon elle de ses ennuis judiciaires, ajoutant que la police lui avait confisqué ses papiers d’identité, ordinateurs et autres téléphones. « Je suis punie pour m’être levée contre l’oppression et dire ce que je pense », avait-elle déclaré.

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Diane Rwigara est la fille d’Assinapol Rwigara, un important entrepreneur rwandais qui avait fait fortune dans l’industrie et l’immobilier. Dans les années 1990, il avait largement financé le Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame avant que celui-ci ne renverse le pouvoir extrémiste hutu en juillet 1994, mettant fin au génocide.

Diane Rwigara avait pris ses distances avec le FPR après le décès de son père en février 2015, dans un accident de la route selon la police. Elle avait contesté cette version et dénoncé un « assassinat ». Selon son frère installé aux États-Unis, Aristide Rwigara, le gouvernement tente, en s’en prenant à sa famille, de mettre la main sur la fortune de son père.

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