Moushira Mahmoud Khattab, la candidate arabe de l’Union africaine à l’Unesco
La candidate égyptienne au poste de directeur général de l’Unesco se pose comme la représentante du monde arabe, tout en étant soutenue par l’Union africaine.
Moushira Mahmoud Khattab, 73 ans, est Égyptienne. Et c’est la candidate que l’Union africaine (UA) soutient dans l’élection au poste de directeur général de l’Unesco, dont le premier tour aura lieu ce 9 octobre. Depuis un certain temps, il est question qu’une personnalité arabe accède enfin à la tête de cette institution. Khattab joue donc sur deux tableaux : elle est l’unique candidate africaine, mais elle est aussi l’une des quatre candidatures arabes, aux côtés de la Libanaise Vera El Khoury-Lacoeuilhe, de l’Irakien Salah Al Hasnawi et du Qatari Abdulaziz Al Kawari.
En 2009, les pays arabes – via des institutions régionales – s’étaient accordés pour soutenir la candidature de l’Égyptien Farouk Hosni. Ce dernier n’était pas passé loin de la victoire. Lors des dernières élections pour la direction générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’UA avait décidé de soutenir l’Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, et a largement contribué à sa victoire en mai 2017.
Placer l’Afrique au centre
Moushira Mahmoud Khattab, francophone, arabophone et anglophone, a été ambassadrice et ministre d’État à la Famille et la Population sous Hosni Moubarak. Après la chute de ce dernier, elle a vécu une mise en retrait.
Mais son expérience internationale et ses multiples distinctions ont poussé le gouvernement égyptien à la choisir au printemps 2016, avant d’annoncer officiellement sa candidature durant l’été. Lors du 27ème sommet de l’UA en juillet 2016, l’organisation continentale se range derrière la candidature égyptienne.
Les outils numériques permettent d’être ambitieux
« Il est difficile aujourd’hui d’imaginer ouvrir un bureau de l’Unesco dans chaque pays d’Afrique. Mais les outils numériques permettent d’être ambitieux, si nous marions réforme et modernisation de l’institution d’un côté et, de l’autre, avons la volonté d’accompagner les pays africains et de placer l’Afrique au cœur du programme. Nous pouvons par exemple imaginer des formations pour les fonctionnaires africains appelés à échafauder les politiques culturelles, scientifiques et éducatives », explique la candidate à Jeune Afrique.
Déconcentrer l’organisation et placer l’Afrique en son centre devrait, à en croire Moushira Mahmoud Khattab, permettre à l’Unesco d’accompagner l’UA pour respecter son « Agenda 2063 ». Ce cadre stratégique pensé pour assurer le développement socio-économique du continent qui a été adopté par l’UA en 2013, Khattab l’a placé au cœur de son programme. Son concurrent chinois Qian Tang aime aussi à le citer.
Pour s’assurer de la victoire de la candidate « estampillée UA », le président Alpha Condé s’est fendu d’un courrier aux différents chefs d’État du continent. Cela suffira-t-il à s’assurer le vote de tous ? Il se chuchote que plusieurs nations pourraient succomber aux charmes d’autres candidats.
Les candidatures libanaise et chinoise sont particulièrement attrayantes pour nombre de pays. Certains se demandent également si le Maroc ne pourrait pas finalement choisir de soutenir la candidate française Audrey Azoulay, les liens entre les deux pays étant plus que ténu et cette dernière étant la fille du conseiller royal, André Azoulay.
Khattab, elle, assure au contraire qu’elle a tout le soutien du Maroc. Fin septembre, elle a rencontré le chef de la diplomatie chérifienne, Nasser Bourita. « Il m’a assuré du soutien de son pays », affirme-t-elle à Jeune Afrique.
Le conflit israélo-palestinien comme argument
Pour se démarquer de ses concurrents, la candidate égyptienne utilise aussi une autre carte : une situation qu’elle assure être idoine pour régler le conflit qui se joue au sein de l’institution autour de la question israélo-palestinienne.
En 2011, l’admission au sein de cette dernière de l’État de Palestine a suscité l’ire israélienne. Washington, se montrant solidaire de Tel-Aviv, a levé sa contribution budgétaire – soit environ 20% de l’enveloppe totale avec laquelle l’Unesco fonctionne. Autant dire que la résolution de ce problème est un enjeu vital.
J’ai déjà eu l’occasion de parler avec des Palestiniens comme avec des Israéliens
Tous les candidats s’accordent pour exiger que les différents bilatéraux soient relégués aux portes de l’Unesco. Mais Moushira Mahmoud Khattab, elle, est l’une des rares qui puisse, avec la libanaise Vera El-Khoury, prétendre maîtriser le dossier. Mieux : elle met en avant tout les efforts égyptiens en la matière.
« J’ai déjà eu l’occasion de parler avec des Palestiniens comme avec des Israéliens. Je connais cette question, car les hauts-fonctionnaires égyptiens la connaissent tous. Soyons clairs : l’Égypte est mieux placé que n’importe quel autre pays pour parvenir à une médiation. Regardez : le président Abdel Fattah al-Sissi a dédié son discours à la paix lors de la dernière Assemblée générale de l’ONU. Et c’est Le Caire qui est à la manœuvre pour essayer de ramener les différentes factions palestiniennes à la cohabitation », argumente-t-elle.
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