Côte d’Ivoire : forte tension dans l’Ouest après des affrontements intercommunautaires

L’inquiétude reste vive après la mort de deux hommes, lundi 2 octobre. 3 000 personnes ont fui leurs villages pour se réfugier à la préfecture de Guiglo.

Du cacao sèche en bordure d’une forêt ivoirienne, en 2011. © AP/SIPA/Rebecca

Du cacao sèche en bordure d’une forêt ivoirienne, en 2011. © AP/SIPA/Rebecca

SYLVESTRE-TREINER Anna DSC_9446 copie

Publié le 5 octobre 2017 Lecture : 2 minutes.

Après des mois de tensions, la situation a dérapé lundi 2 octobre à Dramanekro, un petit village situé à l’intérieur de la forêt classé de Goin-Débé, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Des affrontements entre la communauté autochtone Wé et des baoulés, originaires du centre du pays, ont fait deux morts et huit blessés, dont trois gravement, selon le ministère ivoirien de l’Intérieur.

Immédiatement, les villages alentours se sont vidés de leurs habitants. Apeurés, plus de trois mille d’entre eux ont trouvé refuge dans la cour de la préfecture de Guiglo, la grande ville de la région. Depuis, les autorités de la région s’emploient à éviter un embrasement.

la suite après cette publicité

Rivalités pour la culture du cacao

Cela fait en effet plus de deux ans que les rivalités entre les différents groupes ethniques de la région inquiètent. Au cœur du conflit : le contrôle d’une partie des riches terres de la forêt classée de Goin-Débé. Théoriquement protégée, elle a en réalité été infiltrée à la faveur de la crise dès le début des années 2000 par des populations venant du Burkina-Faso et du centre du pays qui y ont fait prospérer la lucrative culture du cacao.

En toute illégalité, de véritables villages y ont été construits, et parfois même des écoles. Malgré la promesse du gouvernement ivoirien de les évacuer, de nombreuses aires protégées sont ainsi occupées dans le pays.

A la tête du groupe de Burkinabè, un certain Salam Yameogo régnait en maître. A l’origine à la tête de 400 hectares de terres, il est parvenu au fil des années à contrôler quelque 9 000 hectares mettant ainsi sur pied un réseau de trafic et de corruption.

Dans la forêt, le non-droit prospérait – l’homme possédait des armes et est soupçonné d’avoir servi de supplétif pendant la crise post-électorale de 2010/2011. La manne financière bénéficiait alors à de multiples acteurs tout autour de la forêt classée.

la suite après cette publicité

Mais l’arrestation et la condamnation en 2015 de Salam Yameogo et de plusieurs de ses plus proches a bouleversé cet équilibre. Depuis, les Wé, qui revendiquent la propriété des terres, et les baoulés se disputent les 9 000 hectares de terres laissées à l’abandon.

Tentatives d’apaisement

Alors que la question foncière est à l’origine de nombreux litiges en Côte d’Ivoire, les autorités tentent désormais de calmer la situation.

la suite après cette publicité

Une réunion réunissant les autorités de la région – dont le vice-président du conseil régional et des maires – ainsi que des personnalités issues de tous les bords politiques originaires de la région a été convoquée lundi par Anne Ouloto, la ministre de la salubrité urbaine et de l’assainissement. Une mission d’urgence a été envoyée et des renforts policiers et militaires ont été déployés dans toute la zone.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Côte d’Ivoire : quand le cacao menace la forêt

Contenus partenaires