Nigeria : un premier cas mortel d’Ebola à Lagos
Un Libérien est mort du virus Ebola à Lagos, la plus grande ville d’Afrique, devenant le premier cas répertorié de cette fièvre mortelle au Nigeria jusque-là épargné par l’épidémie sévissant en Afrique de l’Ouest, ont annoncé vendredi les autorités nigérianes.
"Le patient a fait l’objet de tests médicaux (…) qui se sont avérés positifs au virus Ebola", la cause de sa mort, a déclaré le ministre nigérian de la Santé, Onyebuchi Chukwu, en conférence de presse.
L’homme, âgé de 40 ans, est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi. Il travaillait pour le gouvernement libérien et était arrivé dimanche au Nigeria via Lomé, la capitale togolaise. Souffrant de fièvre, de violents vomissements et de diarrhées à son arrivée à l’aéroport international de Lagos, il avait été transporté directement à l’hopital, a expliqué le ministre.
Sa destination finale était la ville de Calabar, dans le Sud, où il devait assister à une réunion de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), a-t-il précisé. Il a été mis en quarantaine car il présentait les symptômes associés au virus Ebola, qui a déjà tué plus de 600 personnes depuis le début de l’épidémie en Afrique de l’Ouest il y a quelques mois, dont 127 au Liberia.
Une enquête sur les autres passagers
Il "a évité tout contact avec le public" entre l’aéroport et l’hôpital, a assuré M.Chukwu, "il n’a pas eu le temps de se mêler (aux habitants) à Lagos". "Tous les passagers avec qui le patient a été en contact ont été recherchés et ils font l’objet d’une enquête", afin d’éviter que le virus, très contagieux, ne se propage dans la mégapole de plus de 20 milllions d’habitants, a-t-il ajouté.
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Le ministre a assuré que des spécialistes de la santé étaient entrés en contact avec chacun des passagers du vol, dont les conditions de santé étaient surveillées de près, mais il n’a pas expliqué comment cela avait été rendu possible.
Le Libérien décédé voyageait à bord de la compagnie aérienne A-SKY, basée au Togo. Il n’est pas toujours obligatoire de décliner son identité quand on voyage sur les compagnies aériennes africaines, ce qui rend difficile de tracer les passagers une fois ceux-ci rendus à destination.
Selon de nouvelles données diffusées vendredi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le bilan de la flambée de fièvre hémorragique, en grande partie due au virus Ebola, continue de s’aggraver avec près de 1 100 cas et 660 morts, dont 28 décès entre les 18 et 20 juillet, en Guinée, au Liberia et au Sierra Leone.
Un système de santé défaillant
La Guinée, d’où l’épidémie est partie, n’est plus le pays le plus affecté. D’après l’OMS, il y a eu depuis le début de l’épidémie 415 cas de fièvre hémorragique en Guinée dont 314 mortels, 224 cas au Liberia dont 127 mortels, et 454 en Sierra Leone dont 219 mortels.
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Lagos est la plus grande ville d’Afrique subsaharienne, et certains de ses quartiers sont très densément peuplés. Maîtriser une épidémie d’Ebola dans une telle mégapole serait un défi bien plus compliqué à relever qu’en milieu rural.
Les installations sanitaires de la ville sont dans un état épouvantable et son système de santé est défaillant. Les hôpitaux manquent de fonds, sont mal équipés et subissent de fréquentes coupures d’électricité. M. Chukwu a spécifié que des spécialistes du ministère de la santé ont été déployés dans tous les ports et aéroports du pays afin d’identifier tout visiteur souffrant de symptômes associés à l’Ebola. Les responsables des frontières ont été placés "en alerte rouge", a-t-il déclaré.
L’Ebola tire son nom d’une rivière du nord de l’actuelle République démocratique du Congo (ex-Zaïre), où il a été repéré pour la première fois en 1976. Son taux de mortalité peut aller de 25 à 90% chez l’homme. De la famille des filoviridae (filovirus), il se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus de personnes ou d’animaux infectés. Il n’y a pas de vaccin homologué contre la fièvre Ebola, qui se manifeste par des hémorragies, des vomissements et des diarrhées.
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