Le Parlement algérien autorise la Banque centrale à prêter directement au Trésor

Le Parlement algérien a adopté dimanche un texte autorisant le Trésor à emprunter directement à la Banque centrale, laissant craindre un recours à la « planche à billets » et un risque d’inflation dans un pays qui souffre de la chute des revenus pétroliers.

Au premier semestre 2015, le dinar a perdu 22% face au dollar, d’après la Banque centrale. © Farouk Batiche/AFP

Au premier semestre 2015, le dinar a perdu 22% face au dollar, d’après la Banque centrale. © Farouk Batiche/AFP

Publié le 9 octobre 2017 Lecture : 1 minute.

Cet amendement à la Loi sur la monnaie et le crédit autorise la Banque centrale d’Algérie à procéder « à titre exceptionnel et durant une période de cinq années à l’achat directement auprès du Trésor des titres émis par celui-ci », pour permettre le financement, notamment, de la dette publique interne et les besoins d’investissement. Lors de l’adoption par le Parlement fin septembre du « plan d’action » de son gouvernement, le Premier ministre Ahmed Ouyahia, nommé en août, avait évoqué une « situation infernale » des comptes publics pour justifier le recours au « financement non-conventionnel », c’est-à-dire la fourniture de liquidités par la Banque centrale.

Décret présidentiel à venir

Ce dispositif doit « accompagner la réalisation d’un programme de réformes structurelles économiques et budgétaires » devant aboutir, au plus tard dans cinq ans, au rétablissement de l’équilibre du budget, selon le projet de loi. Selon le ministre des Finances, Abderahmane Raouya, un décret présidentiel devrait détailler prochainement le contenu de ce programme de réformes.

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Déficit budgétaire

Confrontée depuis 2014 à la chute des prix du brut et de ses revenus pétroliers, l’Algérie a enregistré un déficit budgétaire de 13,7% du PIB en 2016. Le pays a épuisé son fonds souverain et a considérablement puisé dans les réserves de change (alimentées à 95% par le pétrole).

Ces réserves ont fondu de moitié en un peu plus de trois ans, passant de 195 milliards de dollars en mars 2014 à 102 milliards en septembre dernier. Des députés de l’opposition se sont opposés au texte, disant craindre une explosion de l’inflation.

Crainte d’explosion de l’inflation

Les élus du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ont « alerté sur les dérives que porte une telle démarche », tandis que le Parti des Travailleurs (extrême gauche) a dénoncé « une dangereuse fuite en avant qui va (….) provoquer une hyperinflation ».

Le montant des emprunts du Trésor public auprès de la Banque centrale « sera vraiment limité pour éviter l’inflation », a assuré Abderahmane Raouya.

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