Mali : IBK, Mamadou et Bineta
Et si la somme des reproches que l’opposition malienne et une partie de la communauté internationale – la France en clé de voûte – formulent à l’égard d’Ibrahim Boubacar Keïta se résumait en un simple délit de… personnalité ?
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François Soudan
Directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
Publié le 18 octobre 2017 Lecture : 2 minutes.
Mali : dernière ligne droite avant la présidentielle
Sécurité, réformes, développement, dynamique économique et culturelle.. A moins d’un an de la présidentielle, le temps est venu de dresser le bilan du quinquennat et de prendre le pouls du pays, du sud au nord.
Avec sa langue d’académicien, sa diction en rafale, sa culture classique de sorbonnard, son patriotisme à fleur de peau et l’impression qu’il donne parfois de gouverner comme M. Jourdain faisait de la prose, Ibrahim Boubacar Keïta agace ses adversaires politiques et perturbe les nostalgiques du Soudan français.
Président bien élu en 2013, l’hôte du palais de Koulouba, qui s’apprête à remettre en jeu son mandat en août 2018, demande que l’on s’y fasse : ce n’est pas à 72 ans que l’on troque les habits d’un homme d’État jupitérien pour ceux d’un politicien geek constamment entre deux tweets. Si les politiques avaient leur bestiaire, IBK serait une tortue à la carapace en Teflon.
Développement économique et social
Et il en faut, de la résilience, pour diriger ce Mali qu’il dit avoir « chevillé au corps ». Dans un fascicule en forme de bilan diffusé début septembre et intitulé « IBK – An IV », les services du palais centenaire font leurs comptes. En quatre ans, 250 milliards de F CFA (381 millions d’euros) ont été mobilisés (ou sont en train de l’être) pour le Nord oublié, 320 milliards pour l’armée sinistrée, 136 milliards pour l’urgence sociale.
Troisième économie de la zone Uemoa, porté par un taux de croissance honorable de 5 % (surtout si on le compare à celui, négatif, de 2012), le Mali a vu ses recettes budgétaires croître de 51 % et son PIB par habitant (parité pouvoir d’achat) augmenter de près de 300 dollars en quatre ans. En matière d’accès au logement, d’amélioration du niveau de vie (le smig a doublé), d’éducation, de santé, de renforcement des capacités de distribution d’eau et d’électricité, des efforts réels ont été accomplis. Le fait que la population les considère comme allant de soi est compréhensible. Les nier, à l’instar de l’opposition, l’est moins.
La sécurité au Mali
Car c’est sur ce front-là que se jouera l’élection de 2018, sans doute plus que sur celui de la situation sécuritaire. S’il n’y a plus aujourd’hui de guerre ni de confrontations directes entre les forces maliennes et les groupes armés, et si, peu à peu, l’État recouvre sa souveraineté sur une partie du Nord avec la mise en place d’autorités ou de collèges intérimaires à Kidal, Gao, Tombouctou, Ménaka et Taoudeni, la paix restera fragile et réversible tant que séviront les katibas jihadistes et, surtout, tant que la politique de développement relancée depuis deux ans n’aura pas produit d’effets palpables. Pour les 18 millions de Maliens, dont l’espérance de vie moyenne ne dépasse pas 60 ans, ce qui compte en effet relève encore de la satisfaction des besoins vitaux.
Si Ibrahim Boubacar Keïta sait qu’il lui sera très difficile de rééditer son score « miraculeux » de 2013 (77,6 % des voix au second tour), il sait aussi que sa réélection est de l’ordre du probable, pour peu que le panier de Bineta et le portefeuille de Mamadou sonnent de moins en moins creux. Au Mali comme ailleurs, le temps où les chefs pouvaient se contenter d’être des marchands d’espérance est révolu, et IBK est le premier à en être conscient.
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