Libye : violents combats entre milices rivales autour de l’aéroport de Tripoli
De violents combats faisaient rage dimanche autour de l’aéroport de Tripoli, dont des milices rivales se disputent le contrôle depuis une semaine, sur fond de lutte d’influence qui risque de plonger la Libye dans la guerre civile.
L’Union européenne (UE) a fait part de sa préoccupation après ces nouveaux affrontements dans lesquels cinq civils ont péri dimanche, selon un responsable local. Les victimes sont des habitants du quartier de Qasr Ben Ghachir, à proximité de l’aéroport, tués dans la chute des roquettes sur leurs maisons, a précisé Mohamed Abderrahman, à la télévision al-Nabaa.
Aucun bilan officiel du nombre des victimes n’a été établi pour le moment, selon un porte-parole du ministère de la Santé. L’aéroport de Tripoli est fermé depuis le début le 13 juillet d’une attaque menée par une alliance de milices islamistes et de milices de la ville de Misrata (200 km à l’est de Tripoli).
Leur objectif : chasser des brigades de Zenten (170 km au sud-ouest de Tripoli) de l’aéroport que ces dernières contrôlent depuis 2011, comme plusieurs autres sites militaires et civils dans le sud de la capitale. "L’aéroport a été attaqué ce matin aux obus de mortier, aux roquettes et aux canons de char. C’est l’attaque la plus violente" depuis le début de l’offensive, a déclaré à l’AFP un responsable de la sécurité de l’aéroport, Al-Jilani Al-Dahech.
Un avion en feu
Il a précisé qu’un avion libyen était en feu sur le tarmac. Des photos publiées sur les réseaux sociaux montraient un appareil de la Libyan Airlines ravagé par les flammes, tandis que des colonnes de fumée s’élevaient au-dessus de l’aéroport. La compagnie nationale a déploré sur sa page Facebook la perte d’un Bombardier CRJ900.
Les combats se sont étendus en fin de matinée à d’autres sites occupés par les Zentanis sur la route de l’aéroport où des explosions étaient entendues depuis le centre-ville, selon un journaliste de l’AFP. Ces affrontements s’inscrivent dans le cadre d’une lutte d’influence politique entre libéraux et islamistes, mais aussi régionale entre les villes rivales de Zenten et de Misrata.
Les Misratis ont affiché ouvertement jeudi leur soutien à l’opération baptisée "L’aube de la Libye" contre les Zentanis, envoyant des forces à Tripoli pour appuyer la milice originaire de la ville engagée dès dimanche dans les combats aux côtés des islamistes. Depuis le déclenchement des hostilités, des dizaines de roquettes ont été tirées sur l’aéroport, endommageant plusieurs installations ainsi que plus d’une dizaine d’avions libyens.
L’UE "préoccupée"
Les combats de cette semaine ont suscité les inquiétudes de la communauté internationale et ont poussé l’ONU à évacuer sa mission en Libye. Dimanche encore, la délégation de l’UE en Libye a souligné sa préoccupation face à un "conflit prolongé", exhortant toutes les parties à la "retenue" et au dialogue.
"L’UE rappelle que les attaques contre les aéroports civils constituent une violation du droit international", a-t-elle encore souligné dans un communiqué. "Il n’y pas de solution militaire à la crise en Libye", a ajouté l’UE qui prône une "solution politique" et "un processus pacifique et démocratique". Ces combats ont ravivé les craintes d’un conflit plus large alors que le pays attend toujours la proclamation des résultats des législatives du 25 juin.
Annoncés pour ce dimanche, ils doivent être finalement communiqués lundi, selon la Haute commission électorale. Selon des observateurs, le courant libéral aurait remporté plus de sièges que les islamistes, qui tentent ainsi de gagner militairement en influence, après avoir perdu sur le terrain électoral.
Demande d’aide à l’ONU
Dépassées par les évènements, les autorités libyennes ont indiqué la semaine dernière qu’elles envisageaient de faire appel à des forces internationales pour rétablir la sécurité dans le pays miné par l’anarchie depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
S’adressant au Conseil de sécurité de l’ONU à New York, le ministre libyen des Affaires étrangères Mohamed Abdelaziz a ainsi demandé jeudi l’aide de l’ONU pour former les forces de sécurité libyennes, afin qu’elles puissent protéger les infrastructures essentielles, notamment les aéroports et installations pétrolières. "Si la Libye devenait un Etat en déliquescence, aux mains de groupes radicaux et de seigneurs de guerre, les conséquences seraient profondes et peut-être irréversibles", a-t-il dit.
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