Guinée – Bah Oury : « C’est moi qui était visé. La balle m’était destinée »

Amadou Bah Oury, vice-président – exclu – de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), est la seule partie civile représentée au procès des deux assassins présumés du journaliste Mohammed Koula Diallo, tué par balle lors des affrontements entre militants de l’UFDG, le 5 février 2016. Lors de son passage à la barre, lundi 9 octobre, il a accusé les partisans de Cellou Dalein Diallo d’avoir voulu lui « tendre un guet-apens ».

Amadou Bah Oury, fondateur de l’UFDG, le 3 janvier 2014 à Paris. © Vincent Fournier / Jeune Afrique

Amadou Bah Oury, fondateur de l’UFDG, le 3 janvier 2014 à Paris. © Vincent Fournier / Jeune Afrique

DIAWO-BARRY_2024

Publié le 10 octobre 2017 Lecture : 4 minutes.

Vêtu d’une veste noire et d’un pantalon en jeans bleu-ciel, c’est en qualité de partie civile qu’Amadou Bah Oury a comparu lundi 9 octobre devant le Tribunal de première instance de Dixinn, dans la proche banlieue de Conakry. L’ancien cadre de banque de 59 ans, devenu l’une des figures de l’opposition aux présidents qui se sont succédés au pouvoir depuis 1990, n’a pas perdu sa sérénité à la barre, alors que l’audience s’est déroulée dans une salle dominée par des militants et sympathisants de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) qui lui sont hostiles.

Deux gardes du corps de Cellou Dalein Diallo sur le banc des accusés

Membre fondateur de l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, Bah Oury en avait été exclu le 5 février 2016 pour « insubordination ». Une exclusion qui avait conduit à de violents affrontements entre militants de l’UFDG, lors desquels le journaliste Mohamed Koula Diallo avait été tué par balle. Le 3 mars 2017, la justice guinéenne a obligé le parti à réintégrer Bah Oury. Mais l’application de cette décision de justice a été suspendue du fait d’un appel interjetée par le camp de Cellou Dalein Diallo.

la suite après cette publicité

Lundi, à la barre du Tribunal de Dixinn, ce sont d’abord les deux accusés dans ce procès qui se sont succédés. Amadou Sow et Alghassimou Keita, tous les deux gardes du corps du président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, sont notamment inculpés d’« assassinat », de « tentative d’assassinat » et de « coups et blessures ». Les deux hommes nient ces accusations.

>>>  LIREGuinée : Dalein Diallo et Bah Oury, les frères ennemis

Bah Oury accuse le clan Cellou Dalein Diallo

Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par contumace en juillet 2013 suite à l’attaque de la résidence privée du chef de l’État, Alpha Condé, puis gracié par celui-ci, Bah Oury accuse Cellou Dalein Diallo de ne pas l’avoir soutenu durant ses quatre années et demie d’exil en France.

Surtout, il accuse le président de l’UFDG et ses proches d’avoir préparé son élimination physique avant son retour en Guinée. « Des déclarations faites à la presse par Ousmane Gaoual Diallo et Amadou Diouldé, consignées dans le dossier, prouvent que l’action a été préméditée. Il était question de me tendre un guet-apens », a lancé Bah Oury à la barre.

la suite après cette publicité

Il affirme également qu’« une réunion de réglage » aurait été tenue au domicile de Cellou Dalein Diallo le jeudi 4 février 2016, veille de l’affrontement qui a coûté la vie au journaliste Mohamed Koula Diallo. Et Bah Oury affirme même que « de l’argent a été distribué à des groupes », pour s’assurer de l’exécution du plan qu’il accuse ses détracteurs d’avoir fomenté.

C’est moi qui était visé. Mohamed Koula est tombé parce qu’il était sur la trajectoire de la balle qui m’était destinée

Le lendemain, vendredi 5 février, à son arrivée au siège de l’Union des forces démocratiques de Guinée, l’ancien vice-président du parti venu assister à la réunion du bureau exécutif du parti dont il venait d’être exclu s’est heurté à une opposition farouche.

la suite après cette publicité

Au cours de l’affrontement qui s’en est suivi, Bah Oury dit avoir reçu un coup sur la tête, alors qu’il se trouvait au niveau du portail d’entrée du siège du parti. L’un de ses proches, Abdoulaye Cosa, qui cherchait à le protéger, a été poignardé dans le dos et son véhicule – qui aurait reçu des projectiles – a été pourchassé.

« C’est moi qui était visé. Mohamed Koula est tombé parce qu’il était sur la trajectoire de la balle qui m’était destinée », a lancé l’ancien vice-président de l’UFDG, lequel considère les accusés Amadou Sow et Alghassimou Keita comme des simples exécutants. « C’est Amadou Sow qui a tiré dans ma direction et a tué le journaliste, selon des sources concordantes », accuse encore Bah Oury.

Des accusations relayées par l’un de ses avocats, Me Kpana Emmanuel Bamba : « C’est parce que Mohamed Koula Diallo était au mauvais endroit, au mauvais moment, que la balle l’a atteint. La personne visée était M. Bah Oury. En droit, il s’agit d’une tentative d’assassinat ».

La défense demande plus de preuves

Me Paul Yomba Kourouma, avocat de la partie civile, le conteste. Lui dénonce « un dossier sans support juridique, monté de toutes pièces. Aucune preuve n’a été opposée à nos clients, l’arme du crime n’a jamais été produite, même un simple étui pour nous confondre. Bah Oury n’a fait qu’imaginer les faits ».

Et d’arriver à la conclusion que « cette affaire soulève la problématique d’un troisième larron. Le criminel continue de courir. Il ne peut être dans les rangs des gardes de l’UFDG », juge Me Paul Yomba Kourouma.

La mort de Mohamed Koula Diallo a laissé une veuve et une petite fille orpheline. Cependant, ni sa famille, ni ses anciens collaborateurs du site internet Guinée7.com ne se sont présentés au tribunal. Bah Oury reste donc l’unique partie civile dans ce dossier. A la barre, il a affirmé avoir déposé plainte à l’encontre de Cellou Dalein Diallo, mais que la justice lui avait fait savoir que ce dernier est protégé par son immunité parlementaire.

Le procès des assassins présumés du journaliste Mohamed Koula Diallo doit se poursuivre dans les semaines à venir. La prochaine audience est programmée dans deux semaines au tribunal de Dixinn.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Amadou Bah Oury, fondateur de l’UFDG, le 3 janvier 2014 à Paris. © Vincent Fournier / Jeune Afrique

Guinée – Bah Oury : « Il faut changer la direction de l’UFDG »

Guinée – Bah Oury : « J’ai ouvert des bureaux de l’UFDG, le siège du parti n’a pas changé »

Contenus partenaires