Côte d’Ivoire : payez (mieux) ceux que vous publiez !
Le Conseil national de la presse exige des éditeurs qu’ils appliquent la convention collective et augmentent le salaire des journalistes. OK, disent les patrons, mais pas avant 2015.
Face aux "désaccords successifs et persistants" entre le Groupement des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire (Gepci) et les syndicats des journaux privés (Synappci et Saapci), le Conseil national de la presse (CNP) a sonné la fin de la récréation.
L’organe de régulation du secteur exige, depuis le 31 juillet, l’application de la convention collective censée améliorer la condition des journalistes et autres professionnels des médias (photographes, maquettistes, infographistes, archivistes…) en faisant passer le salaire mensuel de référence de 120 000 à 180 000 F CFA (de 183 à 274 euros) dans un premier temps.
Mais des patrons comme Amédée Assi, président du Gepci, Sangaré Seydou, gérant du quotidien L’Expression, et Élie Hallassou, éditeur du Point d’Abidjan, ne l’entendent pas de cette oreille. Ils affirment que "les négociations continuent" et demandent un délai supplémentaire, préconisant qu’à partir du 1er janvier 2015, "tous les éditeurs se mettent en règle" et passent à un salaire de référence de 190 000 F CFA, "assorti d’une couverture assurance maladie à 80 %".
Des entreprises de presse dans une situation précaire
Dans l’immédiat, ils jugent que l’application de la convention collective est trop difficile économiquement, "car aucune résolution des états généraux de la presse de 2012 n’est sur les rails et les entreprises de presse sont dans une situation précaire".
"Pour les réfractaires, la sanction encourue est une suspension de publication, sans aucun recours", explique Yves Abiet, responsable juridique du CNP. Le syndicaliste Guillaume Gbato, journaliste au quotidien Notre Voie et secrétaire général du Syndicat national des agents de la presse privée de Côte d’Ivoire (Synappci), estime qu’actuellement, 60 % des entreprises de presse n’appliquent pas le règlement et souhaite que "l’État prenne ses responsabilités".
Pour Venance Konan, directeur général du groupe public Fraternité Matin, "l’application de la convention collective n’est que justice". "On ne peut demander à des journalistes de fournir un travail de qualité et ne pas les payer un minimum", affirme-t-il.
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Issiaka N’Guessan, à Abidjan
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