L’Afrique subsaharienne a la population la plus jeune, mais les pires politiques éducatives au monde

Dans son rapport Africa’s Pulse, la Banque mondiale s’intéresse aux politiques éducatives des pays de la zone subsaharienne et constate que malgré la croissance économique et des investissements de plus en plus importants dans l’éducation, la jeunesse africaine souffre toujours d’un déficit de formation.

Des écolières à Gao, dans le nord du Mali, en 2013 (illustration). © Jerome Delay/AP/SIPA

Des écolières à Gao, dans le nord du Mali, en 2013 (illustration). © Jerome Delay/AP/SIPA

Publié le 12 octobre 2017 Lecture : 3 minutes.

C’est un paradoxe. Selon le rapport Africa’s Pulse, que la Banque mondiale vient de publier, l’Afrique subsaharienne dispose de la population la plus jeune au monde, une « opportunité majeure de réduire la pauvreté et d’améliorer la prospérité économique », estime l’institution. Pourtant, cette jeunesse est aussi la moins bien formée à l’échelle mondiale. Un constat amer, alors que l’on apprenait fin août que seulement six universités africaines faisaient partis du fameux classement de Shanghai, une sous-représentation chronique.

Les investissements dans l’éducation ont pourtant été massifs ces dernières années. Celle-ci représente en moyenne près de 15 % des dépenses publiques dans la zone subsaharienne, « le ratio le plus important parmi les régions en développement », note la Banque mondiale. Alors que près de la moitié des enfants de la zone n’allaient pas à l’école en 1990, ce taux est tombé à un tiers en 2015.

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La proportion d’enfants scolarisés en primaire au Burundi est ainsi passée de 41 % en 2000 à près de 96 % en 2014, un record. Au Niger, au Mozambique, en Guinée ou au Burkina Faso, ces taux ont augmenté de plus de 30 %.

Une amélioration assombrie par un autre constat : un enfant sur trois ne va pas au bout de ses études primaires, dans la plupart des pays; moins de 50%  finissent le second degré et seulement 10% atteignent les études supérieures.

Conséquence : des populations traversées par « un immense écart sur les  compétences de base » notamment l’alphabétisation, ce qui tire la région vers le bas par rapport au reste du monde en matière d’éducation et grève ses perspectives économiques. Un constat renforcé par les écarts de genre, alors que sur les dix pays dans lesquels les filles ont le moins accès à l’éducation dans le monde; neuf sont africains.

Réduire les écarts de compétences

Pour la Banque mondiale, la réduction de cet écart de compétence doit être au cœur des objectifs prioritaires d’une politique d’investissement dans la formation. Cela nécessite de « concentrer les investissements dans les premières années de formation (…) notamment en investissant dans les enseignements, pas simplement embaucher plus de professeurs ou construire des écoles », précise l’institution basée à Washington.

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Un effort qui doit s’accompagner d’une volonté d’inclure dans ce mouvement les plus pauvres mais aussi les adultes qui ne possèdent pas ces compétences de base, notamment en intervenant auprès des communautés rurales.

Le problème de tout le monde, mais la responsabilité de personne

Autre enjeu vital : se préparer aux enjeux économiques de demain et favoriser une « transformation économique en passant d’économies agraires à des économies industrielles ou basées sur les services ». Un défi, alors qu’en moyenne dans les pays d’Afrique subsaharienne 8 emplois sur 10 sont toujours liés à l’agriculture.

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Manque de coordination

Pour favoriser cette évolution, il est nécessaire de se concentrer sur des « enseignements techniques et professionnels axés sur la demande » visant notamment les « domaines scientifiques, technologiques, d’ingénieries ou des mathématiques permettant le transfert et l’adoption de technologies », détaille l’institution. Dans le même temps, elle recommande également de mettre en place de larges programmes de formation permettant « d’améliorer les compétences des travailleurs dans les activités dont la productivité est la plus faible » dans les zones rurales ou urbaines.

Pour devenir effectif, ces changements nécessitent aussi « de s’intéresser aux systèmes de gouvernance». Dans son viseur : le manque de coordination et les faibles capacités de décision des multiples agences qui sont généralement en charge de l’éducation. Trop souvent, la formation reste, « le problème de tout le monde, mais la responsabilité de personne ».

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