RDC – Généalogie : dans la famille Kabila, je demande… les enfants du Mzee
Plus d’une décennie après la mort de Laurent-Désiré Kabila, les personnes se réclamant de sa filiation continuent de se déchirer. Entre Étienne, qui se dit « fils aîné » du Mzee, et Joseph, au pouvoir à Kinshasa, le courant ne passe pas vraiment. Qui est qui ? Tentative de reconstruction de l’arbre généalogique.
"Ce n’est un secret pour personne. De son vivant, Laurent-Désiré Kabila a connu plusieurs femmes avec lesquelles il a eu plusieurs enfants", lâche un employé de la Maison civile, en charge des biens privés du chef de l’État congolais, Joseph Kabila. "Il importe cependant de faire la différence entre les vrais enfants de Kabila et les opportunistes", nuance-t-il aussitôt. Comment démêler le vrai du faux ? C’est là toute la question.
Même Erik Kennes, auteur de l’Essai biographique sur Laurent Désiré Kabila (éd. Harmattan, 2003), un ouvrage controversé de 450 pages, est resté trop souvent dans les approximations après plusieurs mois de recherche. Car les relations entre Kabila père et les femmes, c’est un "chapitre très complexe", avoue le chercheur belge. D’autant que le Mzee (le vieux, en swahili), alors maquisard, avait "l’habitude de séduire les épouses de ses officiers et combattants à son gré. De nombreux petits Kabila [circulaient] au maquis (…)", raconte-t-il, s’appuyant sur "l’avis commun" de ceux qui ont connu l’homme.
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Étienne ou Joseph, qui est le "fils aîné" ?
Les choses se compliquent encore lorsque le père disparaît brusquement, assassiné le 16 janvier 2001 dans son bureau présidentiel, au palais de Marbre, à Kinshasa. Sans avoir eu le temps de lever le voile sur sa nombreuse progéniture. Lorsqu’un de ses fils, Joseph, alors chef d’état-major des forces terrestres de l’armée congolaise, lui succède au pouvoir, des voix s’élèvent pour remettre en cause sa filiation avec le défunt président.
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Au cœur de manœuvres, un homme. Son nom : Étienne Kabila Taratitu (en tout cas, c’est ainsi qu’il se fait appeler), aujourd’hui poursuivi en Afrique du Sud notamment pour tentative de coup d’État contre le président de la RDC. Il se revendique "fils aîné" de Laurent-Désiré Kabila. Une position qui reviendrait à l’actuel président, selon la version officielle. Mais pour Étienne, celui qui est a pris la tête de la RDC n’est pas un "fils biologique" de Kabila, mais son "enfant adoptif". Une thèse soutenue par son jeune "demi-frère" Emmanuel qui, comme lui, s’est exilé en Afrique du Sud.
Passez la souris sur les visages pour en savoir plus (La liste n’est pas exhaustive…)
Très actif sur les réseaux sociaux, Emmanuel, 28 ans, tente de prouver, à sa manière, qu’il est bien le fils de Laurent-Désiré Kabila. Sur son mur Facebook défilent des photos prises avec le cercle le plus rapproché du pouvoir congolais. Ici, on aperçoit le jeune homme escorté par la Garde républicaine, brigade qui assure notamment la sécurité du président Joseph Kabila. Plus loin, on le voit poser avec l’ambassadeur Théodore Mugalu, chef de la Maison civile du chef de l’État congolais.
Il n’hésite pas également à produire les copies de son passeport diplomatique qui attestent qu’il a résidé, un moment, au… palais de Marbre. "Avant d’être brouillé avec Joseph", précise-t-il à Jeune Afrique. "Nous voulions seulement savoir toute la vérité sur l’assassinat de notre père, mais aussi avoir notre part de l’héritage", confie-t-il.
Mais pour Kinshasa, Étienne et Emmanuel font partie d’une "bande d’imposteurs". "Ce sont des gens qui cherchent à s’enrichir sur le nom de Kabila. Ils ne sont pas reconnus par un seul membre de famille, frère ou sœur, de Laurent-Désiré Kabila", soutient Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais.