Afrique du Sud : la justice confirme que Jacob Zuma peut être jugé pour corruption
La justice sud-africaine a confirmé ce 13 octobre que le président Jacob Zuma pouvait être poursuivi pour corruption dans un dossier relatif à des ventes d’armes ouvert contre lui il y a une dizaine d’années.
La Cour suprême d’appel de Bloemfontein, dans le centre de l’Afrique du Sud, a confirmé les 783 chefs d’inculpation pour corruption, fraude fiscale et extorsion de fonds qui pèsent sur le chef de l’État sud-africain. Le juge Eric Leach a rejeté un appel du chef de l’État contre la décision de relancer contre lui ces inculpations.
Jacob Zuma est accusé d’avoir touché des pots-de-vin lorsqu’il était vice-président pour un contrat d’armement de 4,2 milliards d’euros signé en 1999 par l’Afrique du Sud avec plusieurs entreprises européennes, dont le française Thales.
Il avait alors été formellement inculpé, mais ces poursuites avaient été abandonnées en 2009 au motif qu’elles avaient été, selon le parquet général, motivées politiquement. Jacob Zuma était alors engagé dans une bataille politique avec le président de l’époque, Thabo Mbeki. Limogé de son poste de vice-président en 2005 à cause de son inculpation, Jacob Zuma a depuis pris la tête du pays en 2008.
Depuis 2009, le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), essaie d’obtenir la réouverture du dossier. Il a enfin obtenu satisfaction en 2016, lorsqu’un tribunal de Pretoria a jugé « irrationnel » l’abandon des poursuites. Le parquet général et le président sud-africain ont fait appel de cette décision.
Mais, à la surprise générale, les avocats du chef de l’État ont semblé renoncer à obtenir l’abandon des poursuites contre leur client, lors de l’audience qui s’est déroulée le mois dernier devant la Cour suprême d’appel de Bloemfontein.
Scandales et fin de règne
Selon toute vraisemblance, la Cour de Bloemfontein devrait donc rejeter l’appel du président ce vendredi 13 octobre. Une telle décision ouvrirait théoriquement la voie à un procès de Jacob Zuma.
Ce jugement intervient alors que le président est affaibli par une série de scandales qui perturbent la fin de son règne. Jacob Zuma doit quitter le pouvoir au terme de son deuxième et dernier mandat à l’issue des élections générales prévues en 2019.
Son parti, l’ANC, doit choisir en décembre celui ou celle qui lui succèdera à sa tête et, en cas de victoire du parti en 2019, à celle du pays. Dans cette course, Jacob Zuma soutient son ex-épouse Nkosazana Dlamini-Zuma avec l’objectif, disent ses détracteurs, qu’elle garantisse son immunité judiciaire.
Jusqu’à présent, Jacob Zuma a toujours réussi à passer au travers des mailles des multiples filets judiciaires que ses adversaires ont tendus sur son chemin. À une exception près. L’an dernier, il a été contraint de rembourser une partie des travaux de « sécurité » financés par l’État dans sa résidence privée.
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