Carte interactive : les mariages précoces encore trop nombreux en Afrique
La communauté internationale se mobilise de plus en plus contre les mariages précoces et forcés. Mais le pourcentage de jeunes filles mariées avant leur majorité ne recule pas suffisamment vite par rapport à la croissance démographique. Et elles sont encore 14 millions à subir ce sort chaque année dans le monde, dont environ 15 % en Afrique.
700 millions. D’après l’Unicef, c’est le nombre de femmes qui ont été mariées dans le monde alors qu’elles étaient encore enfants (soit avant leurs 18 ans, selon les conventions internationales). Parmi elles, plus d’un tiers (250 millions) l’ont été avant leurs 15 ans, explique l’organisation onusienne, qui a publié son dernier rapport sur le sujet à l’occasion de la conférence "Girl Summit 2014", laquelle s’est tenue le 21 juillet à Londres avec pour but de sensibiliser l’opinion mondiale sur la question des mariages précoces et forcés, ainsi que sur l’excision.
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© Unicef
Si la plupart des filles mariées de manière précoce vivent en Asie du sud (42%) – l’Inde seulement comptant pour 33% -, l’Afrique n’est pas en reste avec environ 15% du total, essentiellement des jeunes filles d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest. Au Niger, en Centrafrique et au Tchad notamment, plus d’une femme sur deux est mariée avant sa majorité. Si l’argument le plus avancé pour expliquer ces chiffres est celui de la tradition, ce sont souvent des raisons économiques qui poussent les parents à marier leurs enfants jeunes.
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VIH, mortalité maternelle et maltraitance
En outre, dénonce l’Unicef, un véritable commerce s’est installé avec les pays du Golfe depuis quelques années. Pour s’enrichir, des parents monnaient leurs filles en fonction de leur âge (plus elle sont jeunes et plus elles se vendent cher). Dans la plupart des pays, l’âge civil légal pour se marier est de 18 ans, mais la religion musulmane autorise les mariages avec des fillettes, tant qu’il n’y a pas de contacts physiques avant la puberté. Et les jeunes mariées sont souvent victimes de viols.
Les conséquences de ces unions pour la vie des jeunes filles sont désastreuses, explique l’Unicef : souvent enceintes dès les premiers mois de leur puberté, elles sont déscolarisées et isolées. Sujettes à des grossesses prématurées et sans soins adéquats, elles sont également les premières victimes de la mortalité maternelle (30% de cas en plus quand la mère est mineure, d’après l’International Center for Research on Women). Les risques de contracter le VIH/Sida ou d’autres infections sexuellement transmissibles sont aussi majeurs faute de prévention et d’éducation. Enfin, si les jeunes femmes refusent les mariages arrangés par leur parents, elles sont souvent battues et rejetées par leur famille.
Une amélioration trop lente
Seul point positif d’un tableau globalement sombre : le pourcentage de mineures mariées baisse d’année en année, mais trop lentement par rapport à la hausse démographique. Ainsi, au Nigeria, le pourcentage de femmes mariées avant 18 ans est passé de 56% à 43% en vingt-cinq ans, mais le nombre de ces femmes est, lui, passé de 2 à 3 millions (Ending child marriage, Unicef).
Autre lueur d’espoir : les associations sont de plus en plus nombreuses à lutter contre le mariage précoce. Les Elders ont créé un partenariat mondial appelé "Filles, pas épouses" en 2012. L’organisation française Plan propose quant à elle de faire reculer le mariage précoce par le développement de l’éducation des filles. L’utilisation des réseaux sociaux fait bien sûr partie de leur combat. Il y a un an, une jeune Yéménite de 11 ans, Nada, avait par exemple ému et scandalisé la Toile en postant une vidéo sur internet dans laquelle elle racontait le mariage forcé auquel elle avait échappé. Ce problème de société s’est également invité au premier sommet États-Unis-Afrique. Prochain grand rendez-vous international sur le sujet : la Journée internationale de la fille, qui aura lieu le 11 octobre.
Nada, 11 ans, affirme préférer la mort à un mariage forcé.
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Par Elena BLUM
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