Sénégal : le procès de Karim Wade s’ouvre à Dakar

Accusé d’avoir acquis de manière illicite 178 millions d’euros, Karim Wade, fils de l’ancien président sénégalais, est jugé à partir de ce jeudi à Dakar. Un procès public qui possède une forte dimension politique et polémique, étant donné la qualité du prévenu.

Karim Wade est en détention depuis avril 2013. © Youssef Boudlal/Reuters

Karim Wade est en détention depuis avril 2013. © Youssef Boudlal/Reuters

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 31 juillet 2014 Lecture : 3 minutes.

Le procès qui s’ouvre à Dakar ce jeudi 31 juillet risque de faire la une des journaux sénégalais et africains pendant plusieurs semaines. De par la qualité du principal accusé, d’abord : Karim Wade, fils de l’ancien président sénégalais et ancien ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Énergie, accusé d’enrichissement illégal et détenu depuis le 17 avril 2013 à la prison de Rebeuss, à Dakar. Mais aussi de par la complexité d’une affaire où la légitimité de la cour qui doit juger le prévenu comme la réalité des faits qui lui sont reprochés sont sujets à controverse.

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Il faut dire que le dossier des diverses accusations pesant sur Karim Wade est assez épais. "C’est un dossier volumineux de près de 40 000 pages, a déclaré mercredi soir le ministre Sidiki Kaba à l’antenne de la télévision publique sénégalaise RTS. (…) Il y a eu une procédure de dématérialisation des documents, qui ont été mis sur clé USB. À cet instant où je vous parle, (…) tous les avocats disposent de ce dossier par ce mécanisme."

En tout, la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) reproche à Karim Wade d’avoir acquis illégalement 178 millions d’euros par le biais de montages financiers complexes du temps où il était conseiller puis ministre de son père, président de 2000 à 2012. Un pactole qui se trouverait aujourd’hui dans des paradis fiscaux, dont Monaco et Singapour, via des sociétés écrans et des hommes de paille dont l’ami de l’ancien superministre, Bibo Bourgi, est soupçonné de faire partie.

D’après les avocats de Karim Wade, près de la moitié de cet argent correspond à un compte à Singapour dont il est d’ores et déjà prouvé qu’il n’appartient pas à leur client. Son patrimoine ne serait que d’environ deux millions d’euros, somme gagnée pour l’essentiel quand il était trader en Europe avant de devenir conseiller, puis ministre de son père, explique sa défense, qui n’hésite pas à crier au procès politique, affirmant même, comme Me Amadou Sall jeudi matin sur RFI, que "l’État a perdu la raison".

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Pas d’acharnement judiciaire selon Sidiki Kaba

"En aucune façon, il ne s’agit d’acharnement, a soutenu Sidiki Kaba, ancien président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH). Les juges n’obéissent qu’à l’autorité de la loi, ils ne sont soumis à aucune forme de pression et ils sont indépendants. Tous ceux qui vont, demain (jeudi), être devant le tribunal – les avocats de Karim Wade, les avocats de l’État, le procureur spécial -, tous les acteurs qui seront impliqués auront la latitude de débattre de leurs points de vue. Et à la suite d’un débat contradictoire, le juge prendra sa décision", a-t-il expliqué.

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"Tout le monde peut suivre le procès, c’est un procès public. Et l’État entend le garantir notamment en permettant à tous d’accéder librement à la salle d’audience. La sécurité de tous sera assurée – aussi bien les personnes qui viennent que les avocats de la défense, les avocats de l’État, les magistrats, les témoins, les accusés, tous – parce que cela fait partie de l’environnement sécurisé d’un procès. (…) Nous avons pris des dispositions relativement à cela", a-t-il ajouté.

Enfin, Sidiki Kaba a exhorté à l’apaisement, le récent retour d’Abdoulaye wade au Sénégal ayant rallumé le feu d’une contestation politique virulente du président Macky Sall par les militants du Parti démocratique sénégalais (PDS). "Nous souhaiterions que ce procès se passe dans le calme, dans la sérénité nécessaire à la bonne tenue d’un procès juste et équitable, il faut que la justice ne soit pas sous pression tant dans l’enceinte du tribunal qu’au dehors. Quant aux magistrats, il faut les laisser faire leur travail."

(Avec AFP)
 

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