Pour Moody’s, le Congo risque le défaut de paiement sur ses dettes privées

L’agence de notation Moody’s a déclaré, dans une analyse annuelle publié ce lundi, que le profil de crédit du gouvernement de la république du Congo présentait un risque de défaut élevé. L’agence de notation a pointé les risques de pertes pour les créanciers privés, à cause d’une crise de liquidité aiguës et d’un bilan fragile.

L’agence de notation financière Moody’s, à New York. © Mark Lennihan/AP/SIPA

L’agence de notation financière Moody’s, à New York. © Mark Lennihan/AP/SIPA

Publié le 16 octobre 2017 Lecture : 2 minutes.

« Le choc pétrolier a eu un impact négatif significatif sur le profil de crédit de la République du Congo. En cause, la forte dépendance du pays au pétrole, qui génère 36% du PIB, 33% des recettes de l’État et 80% de ses exportations », a déclaré Lucie Villa, directrice adjointe, analyste principale chez Moody’s, et co-rédactrice du rapport. « Par ailleurs, les paiements manqués concernant l’Eurobond 2029 reflètent les faiblesses institutionnelles du pays », a-t-elle ajouté.

L’agence rappelle les piètres performances du pays concernant l’efficacité du gouvernement, l’État de droit, la lutte contre la corruption et la qualité des réglementations, selon les indicateurs de gouvernance mondiaux de la Banque mondiale.

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« Faiblesse de la gouvernance publique »

« La faible transparence des données, les passifs financiers importants, les dépenses non déclarées et les antécédents du gouvernement en matière de paiements manqués témoignent de la grande faiblesse de la gouvernance publique », peut-on lire dans le communiqué.

Moody’s pointe également les faiblesses budgétaires du pays, caractérisées par d’importants déficits publics qui ont fragilisé le bilan du gouvernement. « Vu la lenteur de la réaction budgétaire du gouvernement au choc pétrolier, Moody’s s’attend à ce que les finances du pays ne s’améliorent pas dans un futur proche »,  ajoute le communiqué.

Programme du FMI

Moody’s s’interroge également sur la capacité du pays à conclure un programme d’aide avec le FMI. Et d’ajouter : « Même si le gouvernement parvenait à un accord, l’exigence du FMI en matière de viabilité de la dette pourrait entraîner une restructuration de cette dette » qui représentait, en juin 2017, 110% du PIB du pays, selon l’institution de Bretton Woods.

L’agence souligne néanmoins des atouts dans le profil de crédit du pays, notamment son appartenance à la Cemac (Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale), qui garantit une certaine stabilité macroéconomique, et le fait que le paiement des intérêts ne représentait que 2,6% des recettes du gouvernement en 2016, grâce au fait que la majorité de la dette est concessionnelle.

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« Perspective négative »

« La perspective négative sur la note du pays reflète le risque accru que les créanciers du secteur privé subissent des pertes plus importantes que celles anticipées par la note Caa2 attribué au pays par Moody’s », ajoute le communiqué.

L’agence de notation précise qu’elle dégradera encore la note du pays en cas d’augmentation du risque que la perte des créanciers du secteur privé dépasse 20%.

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Contacté par téléphone, le porte-parole du gouvernement congolais n’était pas joignable au moment où nous publions cet article.

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