Cameroun : Philemon Yang en zone anglophone pour « apporter le message de paix » de Paul Biya

Le Premier ministre camerounais, Philemon Yang, a entamé lundi 16 octobre des consultations à Bamenda, dans le nord-ouest du Cameroun, dans le cadre d’un processus de « dialogue » avec les populations des zones anglophones du pays, en proie à une grave crise socio-politique.

Scène de rue à Bamenda, épicentre de la contestation anglophone au Cameroun. © Dada dada/CC/Wikimedia commons

Scène de rue à Bamenda, épicentre de la contestation anglophone au Cameroun. © Dada dada/CC/Wikimedia commons

Publié le 16 octobre 2017 Lecture : 2 minutes.

À Bamenda, Philemon Yang a rencontré des responsables des syndicats de transporteurs, d’enseignants, de vendeuses, et notamment des opérateurs économiques, dont des banquiers, a rapporté la radio d’État Cameroon radio television (CRTV). Il était « porteur d’un message de paix et de vivre ensemble », selon la CRTV.

Les participants à cette concertation ont soumis au Premier ministre des propositions « pour une sortie de crise définitive », a encore expliqué la Crtv, sans précision sur la nature de ces propositions.

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De même source, le chef du gouvernement poursuivra ces consultations mardi. Il est arrivé dans le nord-ouest, sa région d’origine, « sur très haute instruction du président de la République Paul Biya », a souligné la télévision.

« Apporter le message de paix »

La primature a indiqué dans un communiqué que Paul Biya avait recommandé à son Premier ministre d’envoyer des « délégations d’élites » anglophones dans leurs régions dès dimanche afin de « dialoguer » avec les populations. « Les délégations vont communier avec la population, lui apporter le message de paix et de bonne volonté du président et encourager le retour à la normale », lit-on dans le communiqué.

Le texte précise que cette descente est consécutive aux « malheureux et regrettables événements » survenus dans les zones anglophones le 22 septembre et le 1er octobre, journées lors desquelles des manifestations des partisans de la sécession ont été violemment réprimées par les forces de l’ordre.

Depuis novembre 2016, la minorité anglophone, qui représente environ 20% des 22 millions de Camerounais et 2 régions sur 10, proteste contre ce qu’elle appelle sa « marginalisation » dans la société. Certains anglophones exigent le retour au fédéralisme, alors qu’une minorité réclame la partition du Cameroun. Deux scénarios que refuse catégoriquement Yaoundé.

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Des visites vues « comme une provocation »

« (…) Nous condamnons fermement, rejetons et nous nous dissocions de ces visites », a réagi sur sa page Facebook, l’un des leaders anglophones, Felix Agbor Bala, président du consortium de la société civile anglophone, une organisation dissoute en janvier par le gouvernement.

« Nous considérons ces visites comme une provocation » au moment « où des centaines de personnes ont été arbitrairement arrêtées » tandis que « des dizaines » d’autres sont mortes et « de nombreuses » autres encore sont hospitalisées « avec des blessures par balles », s’est-il offusqué.

Des ONG locales et des responsables de l’opposition accusent militaires et policiers d’avoir ouvert le feu sur les populations, notamment depuis des hélicoptères

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« Les meurtres, les arrestations et les violences du 22 septembre et du 1er octobre auraient été évités si le droit fondamental des manifestations pacifiques avait été respecté et si le gouvernement faisait preuve de bonne volonté pour dialoguer et écouter la population », a estimé Felix Agbor Bala.

Des préalables à la concertation

Ce responsable de la société civile a posé comme préalable à toute concertation la libération de tous les manifestants interpellés, un rapport sur le nombre de morts enregistrés dans les régions anglophones et la convocation d’une table ronde « en présence » des Nations unies.

Selon un décompte de l’AFP, au moins 14 personnes ont été tuées le 1er octobre lors de la proclamation symbolique de l’Ambazonie, du nom de l’État que les sécessionnistes anglophones veulent créer.

Des ONG locales et des responsables de l’opposition avancent un bilan beaucoup plus lourd, accusant militaires et policiers d’avoir ouvert le feu sur les populations, notamment depuis des hélicoptères. Le bilan des autorités varie entre 10 et 12 morts.

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