La RDC au Conseil des droits de l’homme : contradiction onusienne ?
L’élection de la République démocratique du Congo au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies fait grincer des dents. Son régime est-il légitime pour donner des leçons en matière de droits humains ?
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 17 octobre 2017 Lecture : 2 minutes.
D’un côté, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) indiquait, début septembre, que plus de 440 cas de violations des droits de l’Homme avaient été recensés au mois d’août pour l’ensemble de la République démocratique du Congo. Violations largement attribuées au régime – police, armée, justice, responsables de l’information. Le Conseil des droits de l’homme a même ouvert récemment deux enquêtes, suite aux violences dans le Kasaï.
De l’autre côté, l’Assemblée générale de l’ONU vient de donner son feu vert à l’entrée de cette même RDC à ce même Conseil des droits de l’homme. Sans surprise, les défenseurs des droits humains expriment leur désapprobation, un porte-parole de Human Rights Watch évoquant « une gifle pour les nombreuses victimes ». Avant le vote, 157 associations congolaises avaient appelé les États membres de l’ONU à faire barrage à Kinshasa. Au-delà de la « bulle » activiste, des États membres de l’ONU, comme les États-Unis, ont évoqué une perte de « crédibilité » du Conseil des droits de l’Homme.
On fait avec ce que l’on a, indiquent certains observateurs
Comment une telle incongruité, fortement dénoncée, est-elle possible ? Primo, la République démocratique du Congo a recueilli 151 voix, alors qu’elle n’en avait besoin que de 97. Secundo, certains observateurs indiquent, en « off », que « l’on fait avec ce que l’on a ».
Le Conseil des droits de l’Homme est un organe intergouvernemental qui fonctionne avec 47 États aux mandats à durée déterminée. Dans une logique de répartition géographique équitable, il réserve au continent africain 13 sièges, dont quatre devaient être cédés cette année. Aux côtés de la RDC, le Sénégal, le Nigeria et l’Angola font leur entrée…
« Si tu n’as pas la force du voleur, aide-le à porter le butin »
Y a-t-il, dans le monde, suffisamment de pays irréprochables pour que les 47 sièges soient occupés sans débat ? Membre du Conseil des droits de l’homme jusqu’en 2018, le Burundi a fait l’objet, le mois passé, d’un rapport de l’ONU qui évoque notamment « des arrestations et des détentions arbitraires, des actes de torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants, des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des viols et d’autres violences sexuelles ».
Et les « brebis galeuses » présumées ne sont bien sûr pas toutes africaines. Des pratiques jugées « divergentes du concept de l’État de droit » par l’organisation Freedom House ont valu de nombreuses critiques à une Arabie saoudite pourtant membre du Conseil jusqu’en 2019.
Quant au continent américain, il héberge un autre membre controversé du Conseil : le Venezuela sur lequel l’ONU souhaita, le 11 septembre dernier, une enquête sur de possibles crimes contre l’Humanité. C’est bien connu, quand on se regarde, on se désole, mais quand on se compare, on se console.
La RDC serait-elle « moins pire » que d’autres ? Un ultime argument populaire plaide pour son intégration : « Si tu n’as pas la force du voleur, aide-le à porter le butin ». Si tu n’arrives pas à corriger les actes autocratiques, intègre l’autocrate au Conseil des droits de l’Homme et il se convertira…
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