Une statue monumentale de Jacob Zuma au Nigeria suscite étonnement et colère

En visite à Owerri, dans le sud-est du Nigeria, Jacob Zuma s’est vu attribuer une médaille par le gouverneur de l’État, qui a aussi fait ériger une statue à son effigie. Un hommage qui passe mal dans les deux pays, alors que le chef d’État sud-africain se trouve sous le coup d’une enquête pour corruption.

Le président sud-africain Jacob Zuma à Pretoria lors du 40e anniversaire de la mort du militant anti-apartheid Steve Biko, le 12 septembre 2017. © AP/SIPA

Le président sud-africain Jacob Zuma à Pretoria lors du 40e anniversaire de la mort du militant anti-apartheid Steve Biko, le 12 septembre 2017. © AP/SIPA

Publié le 19 octobre 2017 Lecture : 3 minutes.

Toujours plus impopulaire dans son pays d’origine où il devra peut-être bientôt affronter un procès pour corruption, Jacob Zuma peut au moins compter sur un fan inconditionnel au Nigeria : Owelle Okorocha. Gouverneur de l’État d’Imo, celui-ci vient en effet d’élever une statue monumentale à la gloire du chef d’État sud-africain. Une décision qui a aussitôt suscité étonnement et irritation.

De passage dans ce petit État du sud-ouest du Nigeria entre une escale en Zambie et une autre en RDC (où il s’est dit favorable au processus électoral en cours), Jacob Zuma a assisté le 13 octobre à Oweeri, capitale de l’État, a l’inauguration de cette colossale statue en bronze à son effigie, dépassant tout, y compris les mâts des drapeaux qui l’entourent.

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Et ce n’est pas tout : le président sud-africain, qui n’a pas rencontré son homologue Muhammadu Buhari lors de son passage au Nigeria, dispose aussi désormais d’une route à son nom. Il a également reçu la médaille du mérite de l’État d’Imo, décernée par le président des chefs traditionnels de l’État, et s’est vu conférer le titre de Ochiagha, très prestigieux dans la communauté igbo du sud-ouest du Nigeria.

Selon un communiqué de la présidence, il s’agit de renforcer les relations socio-économiques entre l’Afrique du Sud et l’État d’Imo et d’approfondir leur coopération dans l’éducation. Surnommé « Rochas », Owelle Okorocha est un milliardaire haut-en-couleur et philanthrope qui s’est beaucoup investi dans ce domaine. Tout comme Jacob Zuma qui a lancé sa propre fondation, laquelle fournit des bourses à des étudiants défavorisés.

Faut-il « déboulonner » Zuma ?

« Je n’étais qu’un combattant ordinaire pour la liberté qui luttait pour la libération de l’Afrique du Sud, a déclaré le président sud-africain. Après, j’ai découvert que la libération politique n’était pas suffisante, nous avons aussi besoin d’une libération économique. Si le pouvoir économique n’est pas entre nos mains, il y a très peu que nous puissions faire pour les pauvres et les nécessiteux ».

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Sur les réseaux sociaux, la réaction a été beaucoup moins enthousiaste cependant. Beaucoup de Nigérians se sont émus que de l’argent public soit consacré à l’élévation d’un tel monument. La somme de 52 millions de nairas a circulé dans la presse nigériane, sans qu’il soit possible de vérifier ce montant.

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D’autres se sont agacés qu’on rende un hommage aussi visible à un homme politique accusé de corruption. Selon The Sahara Reporters, un site web d’enquête destiné à la diaspora nigériane, l’État d’Imo n’en est qu’à son coup d’essai et prévoirait d’installer aux côtés de l’effigie de Jacob Zuma six autres statues de leaders africains.

Les Nigérians qui vivent en Afrique du Sud y sont par ailleurs régulièrement victimes de meurtres xénophobes, un drame récurrent au sujet duquel le président sud-africain a parfois été accusé de rester silencieux. Jacob Zuma y est revenu lors de sa visite à Owerri en martelant : « Aucun Sud-Africain ne devrait tuer de Nigérians et aucun Nigérian ne devrait tuer de Sud-Africains ».

À noter que dans son propre pays natal, l’érection en octobre 2016 d’une statue à son effigie à Groot-Marico, à l’endroit même où l’actuel président avait été arrêté en 1963 avec 51 autres militants anti-apartheid, avait déclenché des réactions comparables.

« Nous rejetons cette statue en tant que monument de corruption, avait déclaré les Economic Freedom Fighters (EFF), un parti sud-africain d’extrême gauche issu de l’ANC. Elle doit être ajoutée à la liste des statues qui doivent tomber ».

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