Soudan : un journaliste condamné à six mois de prison pour un article sur la famille d’Omar el-Béchir
La justice soudanaise a condamné lundi le rédacteur en chef d’un journal indépendant soudanais à six mois de prison. En cause : la publication d’un article accusant la famille du président Omar el-Béchir de corruption.
![Un homme en train de lire le journal des les rues de Khartoum, en 2015. © Mosa’ab Elshamy/AP/SIPA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2017/02/22/sipa_ap21719834_000001.jpg)
Un homme en train de lire le journal des les rues de Khartoum, en 2015. © Mosa’ab Elshamy/AP/SIPA
Rédacteur en chef du quotidien Al-Tayar, Osman Mirgani devait choisir entre « payer 10 000 livres soudanaises (1 260 euros) ou aller en prison pour six mois ». « J’ai choisi de ne pas payer et j’attends que les autorités m’emmènent en prison », a-t-il déclaré à l’AFP.
L’auteur de l’article, Mohamed Zine El Abidine, a pour sa part écopé d’une peine de trois ans de prison avec sursis. Une condamnation confirmée par Reporters sans frontières (RSF), qui évoque un article publié en 2012 et « critiquant le président Béchir ». Il « accusait la famille de Béchir d’être corrompue », affirme de son côté Osman Mirgani. Une enquête avait alors été ouverte par le puissant Service national du renseignement et de la sécurité (NISS).
La situation « très grave » de la liberté de la presse
Osman Mirgani et son journal sont régulièrement dans le viseur des autorités soudanaises. Des éditions entières du quotidien ont plusieurs fois été confisquées par le NISS. Sans compter le passage à tabac en 2014 de son rédacteur en chef par des hommes armés dans son bureau à Khartoum.
D’après le rapport 2017 de RSF, le Soudan figure parmi les pays où la situation de la liberté de la presse est « très grave », à l’instar notamment de l’Egypte, Bahreïn et la Syrie. Face aux inquiétudes des Américains sur la situation des droits de l’homme, le régime de Khartoum avait répliqué en assurant que « le Soudan jouit de la liberté de la presse, avec plus de 30 journaux qui soutiennent le gouvernement ou qui s’y opposent, publiés quotidiennement ».
Les craintes américaines n’ont toutefois pas empêché l’administration Trump d’annoncer le 6 octobre dernier la levée partielle des sanctions sur le Soudan. Une décision prise, selon un haut responsable américain, « en reconnaissance des actions positives du gouvernement soudanais » dans la lutte contre le terrorisme ou dans l’élargissement de l’accès à l’aide humanitaire au Darfour. Le pays demeure néanmoins sur la liste américaine des « sponsors du terrorisme ».
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