Chute de l’État islamique : les États-Unis veulent renforcer leur présence militaire en Afrique
Les États-Unis envisagent de renforcer leur action militaire en Afrique contre l’État islamique qui cherchent à se repositionner après la chute de son « califat » aux confins de la Syrie et l’Irak, craignant un redéploiement des jihadistes sur le continent. L’Afrique est déjà la deuxième zone d’intervention dans le monde des forces spéciales américaines, après le Proche-Orient.
« La guerre est en train de se déplacer. Nous allons assister à davantage d’actions en Afrique », avait déclaré le sénateur républicain Lindsey Graham à la presse, à la sortie d’un entretien avec le ministre de la Défense américain Jim Mattis le vendredi 20 octobre.
« Je ne suis pas sûr qu’on puisse dire qu’elle (la guerre) se déplace vers l’Afrique seulement. Nous sommes confrontés à un défi qui s’étend de l’Afrique de l’Ouest à l’Asie du Sud-Est », a répondu lundi le général Joe Dunford, le chef d’état-major américain.
L’Afrique est l’un des endroits où nous savons que l’ISIS espère renforcer sa présence
Après la chute de Raqqa et de Mossoul, « l’Afrique est l’un des endroits où nous savons que l’ISIS (l’organisation État islamique, NDLR) espère renforcer sa présence. C’est bien pourquoi nous conduisons les sortes d’opérations que nous avons au Niger, pour nous assurer que les forces locales ont la capacité de l’empêcher », a-t-il expliqué au cours d’un point de presse consacré à l’enquête en cours sur l’embuscade ayant coûté la vie à quatre militaires américains le 4 octobre au Niger.
« Nous allons faire des recommandations au ministre » de la Défense Jim Mattis et au président Donald Trump « sur la répartition des unités nécessaires pour répondre au niveau de menace que nous évaluons », a poursuivi le chef d’état-major qui doit présider mardi 24 octobre à Washington une réunion avec les représentants militaires de 75 pays pour « discuter de la prochaine phase de la campagne militaire » contre l’EI.
Vers un changement des règles d’engagement
L’Afrique est déjà la deuxième zone d’intervention dans le monde des Forces spéciales américaines, après le Proche-Orient. Ces unités d’élites y sont chargées de former les militaires locaux à la lutte anti-terroriste. Ils ne sont pas sensés partir en mission avec les militaires locaux quand il y a un risque de combat, a souligné le général Dunford.
>>> A LIRE – Carte : où sont les militaires américains en Afrique ?
Mais ces règles d’engagement « vont changer dans le cas des opérations anti-terroristes », a prévenu le sénateur Lindsay Graham, laissant entendre que les soldats américains sur le terrain seraient autorisés à tirer les premiers sur des « cibles terroristes », ce qui n’est, en théorie, pas le cas actuellement.
6 000 hommes déployés dans 53 pays du continent
Les États-Unis soutiennent l’opération militaire française Barkhane dans cinq pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso), à travers notamment le ravitaillement aérien pour les avions français et l’échange du renseignement avec les Français.
Même si la présence de soldats américains en Afrique est peu connue de l’opinion publique américaine, les États-Unis ont 6 000 hommes déployés dans 53 pays du continent, notamment au Tchad, en République démocratique du Congo, en Éthiopie, en Somalie, en Ouganda, au Rwanda et au Kenya.
Les effectifs des forces spéciales américaines varient fréquemment, car leurs missions sont courtes. Au moment de l’attaque du 4 octobre, 800 d’entre eux étaient déployés au Niger, ce qui en fait la force américaine la plus importante en Afrique. Malgré l’embuscade de début octobre, « notre intention est de continuer les opérations là-bas », a assuré le général Dunford.
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