Tunisie : le syndicat patronal monte au créneau contre le projet de loi de finances 2018
Entre ton menaçant et propositions alternatives, le syndicat patronal tunisien exprime son mécontentement face au projet de loi de finances du gouvernement.
L’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) est fâchée et le fait savoir. En cause : le projet de loi de finances (PLF) 2018. La présidente du syndicat patronal tunisien, Wided Bouchamaoui, mène l’offensive, décidée lors d’une réunion du conseil administratif tenu le 19 octobre et lancée peu après.
Ouided Bouchamaoui menace
Le communiqué officiel, rendu public le 24, détaille : « Les présents [à la réunion, NDLR] ont également exprimé leur mécontentement quant aux dispositions de ce projet de loi notamment l’adoption de mesures de nature à alourdir les charges des entreprises du secteur organisé… » Sont notamment visées les « nombreuses mesures relatives aux cotisations sociales déjà élevées », ainsi que « l’accroissement de la pression fiscale sur les entreprises… »
Mais Bouchamaoui se montre bien plus offensive depuis ce lundi 23 octobre. Sur le plateau de la chaîne El Hiwar Ettounsi, elle a été jusqu’à menacer de se retirer de l’Accord de Carthage, signé en juillet 2016, lequel prévoit la consolidation d’un gouvernement d’union nationale, avec l’aide de partenaires tels que l’Utica. Bouchamaoui assure avoir reçu « au dernier moment » le PLF 2018 et se montre déçue que les propositions de son organisation n’aient pas été retenues, alors que le PLF est déjà devant les élus. Qu’à cela ne tienne : le syndicat a décidé de les interpeller.
Des propositions concrètes
Car l’union patronale ne s’en tient pas à ruer dans les brancards. Elle médiatise depuis quelques jours ses propositions, regroupées dans un document d’une quinzaine de pages qui s’ouvre sur une citation de l’ancien président sud-africain Nelson Mandela, et qui a été rédigé il y a plusieurs semaines en prévision de l’élaboration du PLF 2018.
L’Utica propose une loi de finances « entre assainissement et relance ». Dans un camp libéral qui est traditionnellement le sien, le syndicat devrait pouvoir trouver des alliés avec ses propositions comme la négociation d’un « report des augmentations salariales si ce n’est total, au moins partiel », qui devrait en revanche lui aliéner d’hypothétiques partenaires à la gauche de l’échiquier politique ou syndical. L’Utica assure aussi que la hausse des taux pour l’augmentation des rentrées fiscales est « contreproductive » et propose à la place d’élargir l’assiette imposable. Idem pour la TVA.
L’Utica propose même un changement de philosophie dans la manière de concevoir les finances publiques
Le syndicat fait d’autres propositions, que bien des acteurs du monde économique et social partagent. Ainsi, propose le document alternatif : « Les achats publics doivent favoriser les produits et services nationaux. Les achats publics incluant des équipements et des solutions électroniques et informatiques doivent permettre la participation des fabricants nationaux quel que soit le type de lotissement de marché adopté. »
Enfin, l’Utica prend de la hauteur et propose un changement de philosophie dans la manière de concevoir les finances publiques : « On ne doit plus chercher des ressources pour couvrir des dépenses, mais plutôt optimiser les dépenses compte tenu des ressources que le fonctionnement normal de l’économie peut générer et c’est la relance de l’économie qui générera plus de recettes ce qui autorisera plus de dépenses publiques… »
Selon une source à l’Utica : « Nous pensons pouvoir toucher les élus et l’opinion publique. Il semble que dans les cabinets gouvernementaux même, notre voix soit entendue. »
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