Kenya : l’opposition boycottera la présidentielle prévue ce jeudi

Mercredi après-midi, lors d’un meeting à Nairobi, Raila Odinga a invité ses partisans à rester chez eux jeudi. Un peu plus tôt, la Commission électorale avait confirmé que le scrutin présidentiel se tiendrait bien le 26 octobre, malgré les appels à un report.

Des supporters de l’opposant Raila Odinga lors d’un meeting près de Nairobi, le 18 octobre 2017. © Ben Curtis/AP/SIPA

Des supporters de l’opposant Raila Odinga lors d’un meeting près de Nairobi, le 18 octobre 2017. © Ben Curtis/AP/SIPA

Publié le 25 octobre 2017 Lecture : 3 minutes.

Face à une foule orange surchauffée, réunie au célèbre Uhuru Park, au coeur de Nairobi, Raila Odinga a donné son ultime mot-d’ordre pour la présidentielle de ce jeudi. L’opposant a appelé ses partisans à ne « participer d’aucune façon à cette honteuse élection. » Coiffé d’un chapeau, portant une chemise rouge et noir, il a annoncé la transformation de la Nasa, la coalition d’opposition, en un « mouvement de résistance », exhortant les Kényans à la désobéissance civile et à ne pas consommer les biens produits par des entreprises « alliées au gouvernement. » Sous les clameurs, Raila Odinga a également annoncé que son mouvement exigeait l’organisation d’une nouvelle élection dans 90 jours.

Cette déclaration de l’opposant à Uhuru Kenyatta était très attendue alors que quelques instants plus tôt, le chef de la Commission électorale avait annoncé que l’élection présidentielle se tiendrait bien jeudi 26 octobre. Le chef de la Commission électorale (IEBC), Wafula Chebukati, s’est adressé mercredi à la nation, mettant en avant les « assurances » données par les autorités que la sécurité de tous serait garantie et les « progrès » réalisés selon lui au sein de l’IEBC.

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Cinq juges de la Cour suprême aux abonnés absents

Après l’invalidation de la réélection en août du président Uhuru Kenyatta, ce scrutin boycotté par l’opposition pourrait plonger le pays dans une période de forte instabilité. Marquée par de nombreux rebondissements, la saga de la présidentielle 2017 a auparavant fait un rapide détour par la Cour suprême, celle-là même qui avait pris la décision historique sur le continent d’invalider l’élection du 8 août, jugée « ni transparente, ni vérifiable ».

Mais en moins de cinq minutes, le président de la plus haute juridiction du pays, David Maraga, a douché les espoirs de ceux qui souhaitaient un report de l’élection afin de laisser le temps à l’IEBC de se réformer et de convaincre le leader de l’opposition, Raila Odinga, 72 ans, de revenir dans le jeu.

Seulement deux juges étant présents, « nous ne pouvons pas former un quorum (…) et l’affaire ne peut pas être entendue ce matin », a tranché le juge David Maraga. Sa décision d’annuler la réélection du président Uhuru Kenyatta en août avait mené à l’organisation du scrutin du 26 octobre.

Climat politique tendu

Au moins 40 personnes ont été tuées depuis le 8 août, la plupart dans la répression brutale des manifestations par la police dans des bastions de l’opposition, selon les organisations de défense des droits de l’homme.

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Le climat politique s’est nettement détérioré ces dernières semaines pour devenir délétère, les deux camps multipliant les invectives et les déclarations menaçantes.

La Commission assure être prête

Le président de la Commission électorale (IEBC), Wafula Chebukati, de plus en plus isolé en son sein, a publiquement émis des doutes sur sa capacité à garantir la crédibilité du scrutin.

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Mais la Commission assure être prête d’un point de vue technique et logistique. Pourtant l’institution avait été accablée par la Cour suprême pour sa gestion du scrutin invalidé.

L’IEBC a entrepris certaines réformes : le mode de transmission des résultats est différent, un de ses responsables a été mis sur la touche. Mais l’opposition estime que l’institution est toujours majoritairement acquise au parti au pouvoir.

Boycotté par l’opposition, le scrutin sera également en partie boudé par les observateurs internationaux : l’Union européenne et la Fondation Carter, citant des raisons de sécurité, ont réduit la taille de leur mission.

Dix ans après les pires violences post-électorales de l’histoire du Kenya indépendant (depuis 1963), qui avaient fait plus de 1 100 morts, la crise politique actuelle a plongé le pays dans une incertitude mêlée d’anxiété.

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