L’épave « désintégrée » du vol AH5017 localisée vers Gossi dans le nord du Mali
L’état-major de l’armée burkinabè a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi avoir localisé dans le nord du Mali l’épave « désintégrée » du DC9 affrété par Air Algérie pour la liaison Ouagadougou-Alger, disparu dans la nuit précédente avec au moins 116 personnes à bord, dont une majorité de Français et de Burkinabè. Une enquête pour « homicide involontaire » a été ouverte en France.
Après de nombreuses heures de recherche, l’épave "désintégrée" de l’avion d’Air Algérie, disparu dans la nuit de mercredi peu avant 2 heures du matin (GMT), 50 minutes après son décollage de Ouagadougou, a été retrouvée jeudi 24 juillet au nord du Mali. "Nous venons de retrouver l’avion algérien. L’épave a été localisée (…) à 50 km au nord de la frontière du Burkina Faso", dans la zone malienne de Gossi, a déclaré dans la nuit le général burkinabè Gilbert Diendiéré, chef d’état-major particulier de la présidence burkinabè. L’avion transportait au moins 116 personnes, dont une cinquantaine de Français, et devait assurer la liaison entre Ouagadougou et Alger. Aucun survivant n’a été trouvé sur le lieu du crash.
Carte de la localisation de la zone du crash. © Google Maps/J.A.
L’information a été confirmée quelques minutes plus tard par la présidence française, sur la base de repérages effectués par un drone de type Reaper basé à Niamey, a annoncé vendredi matin le ministère français de la Défense. Paris a également dépêché un détachement militaire sur place pour "recueillir de premiers éléments d’information" et "sécuriser la zone" de Gossi, située à environ 100 km au sud-ouest de Gao, la plus grande ville du nord du Mali, et à une cinquantaine de km de la frontière burkinabè. D’après certains témoignages rapportés par RFI, l’avion aurait été en feu avant de toucher le sol.
Dans un communiqué publié dans la foulée, François Hollande "assure les familles et les proches des victimes de toute sa solidarité". Le président français a également décidé de "rester à Paris tout le temps nécessaire", reportant sine die son déplacement programmé de vendredi à dimanche à La Réunion, à Mayotte et aux Comores.
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Accident ou attentat ?
Le chef de l’État français présidait vendredi à 9 heures une nouvelle réunion de crise à laquelle devaient participer le Premier ministre Manuel Valls, et les ministres Laurent Fabius (Affaires étrangères), Jean-Yves Le Drian (Défense), Bernard Cazeneuve (Intérieur) et Frédéric Cuvillier (Transports). Pour l’instant, les raisons du crash ne sont pas encore connues. Selon François Hollande, l’équipage espagnol a signalé qu’il changeait de route "en raison de conditions météo particulièrement difficiles", soulignant toutefois que "les causes de ce qui s’est produit" n’étaient pas encore établies.
Accident ou attentat, "on ne peut pas, on ne doit exclure aucune hypothèse avant d’avoir tous les éléments", a martelé pour sa part Laurent Fabius. Malgré une intervention militaire internationale encore en cours, la situation est toujours instable dans le Nord du Mali, occupé pendant plusieurs mois en 2012 par des groupes armés jihadistes. Ceux-ci ne disposent cependant que de lance-roquettes qui ne permettent pas d’atteindre un appareil à 10 km d’altitude. L’hypothèse d’une bombe embarquée à Ouagadougou, où les contrôles de sécurité sont parfois peu rigoureux selon des experts français, semblerait plus plausible.
Erreur humaine ?
Quant à l’appareil, construit il y a 18 ans, il s’agit d’un MacDonnell Douglas MD-83 immatriculé EC-LTV et affrété auprès de la société espagnole de leasing Swiftair, avait indiqué l’état-major des armées à Paris. Il avait été déclaré en "bon état" lors d’un contrôle cette semaine en France, où une enquête pour "homicide involontaire a été ouverte. "L’avion (…), nous le connaissons, il est passé en France à Marseille il y a deux ou trois jours. Nous l’avons examiné et nous n’avons quasiment rien trouvé, il (était) vraiment en bon état", a déclaré jeudi le directeur de l’aviation civile française Patrick Gandil.
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"La compagnie est tout à fait honorablement bien tenue. L’Espagne assure la surveillance de ses compagnies. De ce côté-là, il n’y a rien à chercher", a-t-il ajouté. Patrick Gandil a néanmoins fait état d’un tout petit truc sur l’équivalent d’une plaquette de frein. "Franchement, je peux vous garantir que ça n’a rien à voir avec ce qu’il s’est passé à 31 000 pieds.", a-t-il aussitôt avancé. Et de nuancer aussitôt : "Le bon état de l’appareil n’exclut pas qu’il y ait eu une panne fortuite. Mais ce n’est vraiment pas la première hypothèse."
L’hypothèse d’une erreur humaine liée à des conditions météorologiques particulièrement difficiles semble a priori privilégiée par de nombreux experts. L’équipage espagnol avait peu d’expérience de l’Afrique subsaharienne et n’empruntait la route Ouagadougou – Alger que depuis un mois.
(Avec AFP)
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