Présidentielle au Kenya : faible affluence dans les bureaux de vote pour ce scrutin boycotté par l’opposition
Alors que les bureaux de vote venaient d’ouvrir leurs portes ce jeudi 26 octobre au Kenya pour l’élection présidentielle boycottée par l’opposition, la police a dispersé des opposants tentant d’empêcher la tenue du scrutin dans plusieurs villes du pays. Les électeurs étaient peu nombreux à s’être déplacés dans la matinée.
Devant les bureaux de vote, la situation contrastait jeudi matin avec les longues files d’attente observées lors de l’élection du 8 août, invalidée par la Cour suprême pour « irrégularités ». Alors que quelque 19,6 millions d’inscrits étaient en théorie attendus dans les 40 883 bureaux de vote, peu d’électeurs ont fait le déplacement, notamment par crainte de violences. Et de fait, des échauffourées ont éclaté dans plusieurs villes du Kenya entre forces de sécurité et partisans de l’opposition.
Dans le bidonville de Kibera, à Nairobi, la police est intervenue à coup de gaz lacrymogène et a tiré en l’air pour disperser des manifestants qui essayaient d’empêcher l’accès à plusieurs bureaux de vote. Des scènes similaires ont eu lieu dans un autre bidonville de Nairobi, Mathare, ainsi qu’à Kisumu et Migori, des villes réputées acquises à l’opposant Raila Odinga qui a appelé à boycotter le scrutin.
Difficultés à Kisumu
À Kisumu, principale ville de l’ouest du pays où la police intervenait également à coup de gaz lacrymogène, les opérations de vote semblaient impossibles à organiser en l’état, notamment en l’absence d’une partie du matériel électoral.
Plusieurs bureaux de vote étaient ainsi fermés jeudi matin dans ce bastion de l’opposition, où des opposants manifestaient la veille dans le calme, rapportait mercredi la correspondante de Jeune Afrique au Kenya :
Little peaceful demo in Kisumu. "Tomorrow there will be no election here" #KenyaElections pic.twitter.com/RIueWyERce
— Laure Broulard (@lbroulard) October 25, 2017
Peu avant 6 heures locales, au centre de comptage de la circonscription installé dans l’école « Lions high school » et surveillé par cinq policiers en tenue anti-émeutes, une poignée de responsables électoraux commençaient doucement à trier les bulletins de vote – arrivés mercredi – en vue de leur déploiement dans les bureaux.
À Siaya et Homa Bay, toujours dans l’ouest du pays, la police était engagée dans des confrontations sporadiques avec des groupes de jeunes ayant placé des barricades sur les principaux axes routiers, interdisant toute circulation. « Nous n’irons pas voter. Ça ne nous intéresse pas car nous savons déjà qui va gagner. C’est une parodie d’élection », a déclaré à l‘AFP Jackson Otieno, à Siaya.
Boycott
Les urnes et les kits électroniques n’étaient pas arrivés jeudi au centre de comptage, a précisé John Ngutai, plus haut responsable électoral de cette circonscription de Kisumu-centre. »Pour le moment, nous n’avons pas déployé de matériel (de vote, NDLR) et nous n’avons pas déployé de responsables électoraux » pour « des raisons de sécurité », mais « nous espérons pouvoir le faire plus tard dans la journée », a-t-il ajouté.
Le président sortant Uhuru Kenyatta, qui fête jeudi son 56e anniversaire, est quasiment assuré de l’emporter : son grand rival, Raila Odinga, a appelé au boycott du scrutin, estimant que les conditions d’une élection transparente et juste n’étaient pas réunies. Mercredi, Raila Odinga avait appelé ses partisans à ne pas aller voter et à rester chez eux ou à participer à des prières collectives à l’écart des bureaux de vote. Mais certains d’entre eux sont visiblement passé outre cet appel à la retenue.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- À Casablanca, la Joutia de Derb Ghallef en voie de réhabilitation
- Mali : ce que l’on sait de la disparition de Daouda Konaté
- En RDC, la nouvelle vie à la ferme de Fortunat Biselele
- Présidentielle en Côte d’Ivoire : la compagne de Tidjane Thiam sort de l’ombre
- Présidentielle en Côte d’Ivoire : la stratégie anti-fake news d’Alassane Ouattara