Kenya : la Commission électorale reporte la présidentielle à samedi dans quatre comtés de l’ouest

L’élection présidentielle est reportée à samedi dans quatre comtés de l’ouest du Kenya, touchés ce jeudi par de violents affrontements entre partisans de l’opposition et la police, ayant occasionné trois morts, a annoncé le président de la Commission électorale (IEBC).

Des partisans de l’opposition affrontent la police en périphérie de Nairobi, en marge de l’élection présidentielle, jeudi 26 octobre. © Khalil Senosi/AP/SIPA

Des partisans de l’opposition affrontent la police en périphérie de Nairobi, en marge de l’élection présidentielle, jeudi 26 octobre. © Khalil Senosi/AP/SIPA

Publié le 26 octobre 2017 Lecture : 3 minutes.

« Dans les zones touchées (par les violences), qui incluent les comtés suivants : Homa Bay, Kisumu, Migori et Siaya (…), la commission a reporté les élections au samedi 28 octobre », a annoncé ce jeudi Wafula Chebukati lors d’une conférence de presse. Le Kenya compte 47 comtés.

Ce midi, le Kenya donnait l’image d’un pays coupé en deux. Alors que le vote se déroulait normalement dans les fiefs d’Uhuru Kenyatta, les bureaux de votes étaient presque vides dans les quartiers de la capitale favorables à l’opposition, comme à Mathare et à Kibera. « La situation est très différente de la première élection, en août, déclare Douglas Namale, un habitant. La mobilisation est très faible, et certaines parties du bidonville sont inaccessibles ».

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Des échauffourées ont en effet éclaté ce matin dans les bidonvilles de Nairobi entre les partisans de l’opposition et la police, déployée en masse. À Nakuru, dans la vallée du rift, particulièrement touchée par les violences post-électorales de 2007-2008, une observatrice rapporte que le vote se déroule dans le calme, mais que la participation reste plus faible qu’en août.

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Dans un tweet, la commission électorale a assuré ce matin que « le vote a débuté à 6 heures dans la plupart des bureaux. Certains d’entre eux ont ouvert avec du retard, mais un temps supplémentaire leur sera accordé ».

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Après avoir mis son bulletin dans l’urne dans son fief du comté de Kiambu, près de Nairobi, Uhuru Kenyatta s’est voulu rassembleur : « Nous devons nous débarrasser du tribalisme qui freine notre progrès. Nous devons travailler ensemble pour atteindre les buts de développement du pays », a-t-il déclaré devant les journalistes.

Situation « très tendue » à Kisumu

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Dans l’ouest du Kenya, fief de Raila Odinga, la situation est bien différente. À Kisumu, troisième ville du pays, aucun bureau de vote n’a pu ouvrir ses portes dans deux circonscriptions. Et le matériel électoral est toujours bloqué au centre de comptage du centre de la ville, faute de véhicules et de personnel, et en raison de l’insécurité qui règne. « Ils auraient pu juste rester chez eux, mais maintenant, les rues sont bloquées, les gens ont peur… La situation est très tendue », soupire un agent de la commission électorale, qui préfère garder l’anonymat.

Trois morts

On compte déjà trois morts en marge d’affrontements entre les manifestants et la police, selon des sources policières et hospitalières. Parmi les victimes,  un jeune homme de 19 ans, mort d’une blessure par balle à la jambe à Kisumu.

À Nairobi, un jeune homme a succombé à une blessure par balle à la tête dans le bidonville de Mathare, a déclaré à l’AFP le directeur d’un hôpital, Dickens Osimba. La police a par ailleurs annoncé la mort par balle d’un homme à Homa Bay, dans l’ouest, lors d’affrontements avec la police.

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Inquiétude de la communauté internationale

La communauté internationale, elle, est de plus en plus inquiète. Après l’impossibilité de la Cour suprême de statuer sur une pétition demandant le report de l’élection faute de quorum, mercredi, la mission d’observation de l’Union Européenne s’inquiète « de possibles interférences politiques » dans le système judiciaire qui « mettent à mal la crédibilité de l’élection ».

Dans un communiqué commun, les ambassadeurs internationaux au Kenya appellent  à un dialogue «  immédiat, ouvert et transparent entre toutes les parties pour résoudre les divisions profondes que ce processus électoral a exacerbé ».

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