Présidentielle au Kenya : Uhuru Kenyatta en tête avec plus de 90% des voix, selon la Commission électorale

L’opposant Raila Odinga avait appelé ses partisans à boycotter ce nouveau scrutin présidentiel qui se tenait jeudi, estimant que les conditions d’une élection crédible n’étaient pas réunies. Des violences ont émaillé la journée de vote. Au moins six personnes sont mortes.

Des soldats en train de patrouiller, armes automatiques en mains, dans le bidonville de Kibera, à Nairobi. © Darko Bandic/AP/SIPA

Des soldats en train de patrouiller, armes automatiques en mains, dans le bidonville de Kibera, à Nairobi. © Darko Bandic/AP/SIPA

Publié le 26 octobre 2017 Lecture : 3 minutes.

Au lendemain de la journée de vote au Kenya, les premiers résultats dessinaient une victoire sans appel et sans surprise d’Uhuru Kenyatta. Après le dépouillement d’un peu plus d’un tiers des bureaux de vote, vendredi 27 octobre au matin, le président sortant récoltait plus de 93% des voix, d’après les chiffres communiqués par la Commission électorale. L’appel au boycott du scrutin par Raila Odinga laisse peu de doute sur l’issue de cette élection : Uhuru Kenyatta est quasiment assuré de remporter un second mandat.

Appel au boycott pour le scrutin de samedi

À la veille du scrutin, le candidat de l’opposition a en effet appelé ses partisans à « rester chez eux » et à « prier » face à ce qu’il a qualifié de « mascarade électorale. » Selon lui, les conditions n’étaient pas réunies pour un scrutin crédible et transparent. Il a appelé ses partisans à une « résistance » et à la « désobéissance civile. »

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L’opposition a réitéré cet appel vendredi : « Nous disons [à nos partisans] de rester à l’écart, car ils pourraient marcher vers un piège dans lequel ils seraient blessés. C’est notre priorité », a déclaré l’un des leaders de l’opposition, Musalia Mudavadi, à l’adresse des électeurs appelés aux urnes samedi pour le scrutin organisé dans quatre comtés de l’ouest du pays, où l’élection présidentielle n’a pu avoir lieu jeudi en raison des violences.

Un Kenya coupé en deux

Après l’annulation d’un premier scrutin, cette présidentielle « bis » laisse entrevoir un Kenya divisé. Des quartiers et des régions entières ne sont pas allées voter jeudi 26 octobre. Malgré les appels à la retenue des deux camps, des affrontements violents ont eu lieu jeudi dans de nombreux bastions de l’opposition, où les frustrations et le sentiment de marginalisation ont été exacerbés depuis des années. Le Kenya a connu depuis l’indépendance (1963) trois présidents sur quatre issus de l’ethnie kikuyu, qui domine également l’économie du pays.

Au moins six personnes ont été tuées par balle et une vingtaine d’autres blessées dans les bidonvilles de Nairobi et l’ouest du pays, dans des violences en marge du scrutin, selon des sources policières et hospitalières. Le pays était placé sous très haute sécurité, après des semaines de climat politique délétère. Au moins 44 personnes ont été tuées depuis le 8 août, la plupart dans la répression brutale des manifestations par la police. Ces heurts ravivent les terribles souvenirs de la présidentielle de fin 2007 qui avait débouché sur les pires violences politico-ethniques depuis l’indépendance et fait au moins 1 100 morts.

Dans quatre des 47 comtés du pays (Homa Bay, Kisumu, Migori et Siaya), majoritairement peuplés par l’ethnie luo, l’élection a été reportée à samedi par la Commission électorale, le vote n’ayant pas pu se tenir dans des conditions acceptables (pour cause de troubles sécuritaires, bureaux de vote fermés, matériel non acheminé, manifestants empêchant les opérations…). Mais le gouverneur de Kisumu, Anyang’ Nyong’o, une des figures de l’opposition, a répliqué dès jeudi qu’il n’y aurait aucun vote possible samedi dans son comté, où une semaine de deuil est organisée.

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Un premier scrutin reporté

En septembre, la Cour suprême avait annulé le scrutin présidentiel du 8 août, pointant des irrégularités dans la transmission des résultats et faisant peser la responsabilité de ce scrutin « ni transparent, ni vérifiable » sur la Commission électorale (IEBC). Galvanisé par ce jugement, Raila Odinga, 72 ans, déjà trois fois candidat malheureux à la présidence (1997, 2007, 2013), avait fait pression pour obtenir une réforme de cette Commission, qui a effectué certains changements jugés insuffisants par l’opposition.

Le président de l’IEBC avait lui-même admis que la Commission ne pouvait pas garantir un scrutin crédible, confortant la décision de Odinga de boycotter l’élection. D’emblée, la crédibilité de la présidentielle était donc entamée, faisant courir le risque d’une période d’instabilité encore plus longue.

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Retour en images sur la journée de vote :

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