Madagascar : manifestation contre l’arrestation de deux journalistes

Plusieurs dizaines de journalistes ont manifesté mardi à Antananarivo contre l’arrestation de deux de leurs collègues, la veille, pour une affaire de diffamation. Ils avaient publié une lettre de lecteur dans laquelle trois ministres malgaches étaient accusés d’être complices d’un trafic de bois de rose.

Des journalistes manifestent en soutien à deux de leurs confrères arrêtés, le 22 juillet 2014. © AFP

Des journalistes manifestent en soutien à deux de leurs confrères arrêtés, le 22 juillet 2014. © AFP

Publié le 23 juillet 2014 Lecture : 2 minutes.

"Non à l’emprisonnement des journalistes !" Brandissant leur banderole, une cinquantaine de journalistes malgaches ont manifesté, mardi 22 juillet, à Antananarivo, après l’arrestation de deux de leurs confrères la veille. "Libérez nos collègues… L’État ne supporte pas la démocratie… Limogez Rivo Rakotovao", ont-il scandé.

Rivo Rakotovao, ministre chargé des Infrastructures, a porté plainte contre ces deux journalistes après qu’ils ont publié une lettre de lecteur dans laquelle trois ministres étaient accusés d’être complices d’un trafic de bois de rose.

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Le directeur de la publication du journal Madagascar Matin, Jean-Luc Rahaga, et son rédacteur en chef, Didier Ramanoelina, ont été arrêtés lundi pour "diffamation publique et délit de presse", selon leur avocat Vivier Raoelson. Ils encourent de six mois à deux ans de prison ferme et le journal risque un mois de suspension.

Michel Ralidera, le meneur de la manifestation, a annoncé que les journalistes allaient boycotter les informations émanant du gouvernement. "Puisque l’État nous applique la censure, alors nous aussi, nous allons censurer l’État", a-t-il déclaré.

Il est inquiétant de voir la Grande Île revenir aux plus sombres heures de la censure, dit RSF.

Une mesure disproportionnée

"J’ai déposé une plainte en tant que personne, parce que ma dignité a été bafouée, a expliqué à la télévision nationale Rivo Rakotovao. Comment osez-vous dire dans le journal que je suis un voleur ? C’est injuste". Par ces mots, le ministre proche du président Hery Rajaonarimampianina a justifié son choix d’aller directement en justice au lieu de se contenter de demander un démenti.

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> > Lire aussi : Hery Rajaonarimampianina : "C’est moi qui décide" à Madagascar

Selon le responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières, Cléa Kahn-Sriber, cette décision de mettre deux journalistes en prison pour une affaire de diffamation est disproportionnée. "Il est inquiétant de voir la Grande Île revenir aux plus sombres heures de la censure. Nous demandons la libération immédiate de ces deux journalistes qui n’ont rien à faire en prison", a-t-elle ajouté.

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Le bois de rose, une espèce protégée et menacée d’extinction, est au cœur d’un trafic très juteux et prohibé, essentiellement destiné à l’Asie. Hery Rajaonarimampianina avait fait de la fin de ces lucratives exportations illégales l’une de ses priorités quand il est arrivé au pouvoir en janvier, sans grand résultat jusque là.

Le procès des deux journalistes doit avoir lieu mercredi 23 juillet.

(Avec AFP)

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