RDC : retour au calme à Kinshasa après l’attaque du camp militaire Tshatshi
Les autorités congolaises ont affirmé mardi avoir déjoué l’attaque d’un groupe d’inconnus armés contre le camp militaire Tshatshi, à Kinshasa. Le calme était de retour en fin d’après-midi, après environ une heure de tension et de panique dans les rues.
Mis à jour le 23 juillet 2014 à 10 heures 54.
Un vent de panique a traversé Kinshasa, mardi 22 juillet dans l’après-midi, alors qu’un groupe d’hommes armés prenait d’assaut le camp militaire Tshatshi. Vers 16h20 (15h20 GMT), le gouverneur de la ville, André Kimbuta, est apparu à la télévision publique pour rassurer la population et affirmer que la situation était de nouveau sous contrôle. "Un groupe d’inciviques […] a tenté de créer de l’insécurité dans la ville et ce groupe-là, [d’]une vingtaine à une trentaine de personnes, a été maîtrisé", a-t-il déclaré, appelant les Kinois à reprendre leur travail et à "vaquer librement à leurs occupations".
Quelques minutes plus tôt, un haut responsable sécuritaire avait déclaré qu’"un petit groupe de voyous [avait] tenté une infiltration au camp Tshatshi" mais que "l’affaire [avait] été vite réglée". Au camp Tshatshi, un officier de la Garde républicaine (GR) a pour sa part indiqué que les soldats de cette unité d’élite, chargée de la protection du président, avaient pu maîtriser "une vingtaine de personnes habillées en civil" et en possession d’armes blanches (couteaux et machettes).
Évacuation de l’aéroport Ndjili
Selon plusieurs journalistes de l’AFP, la GR s’est déployée en force dans le quartier du palais présidentiel, dans le nord-ouest de la capitale, installant plusieurs points de contrôles et évacuant toutes les personnes y travaillant. Vers 14h30, plusieurs centaines de soldats de la même unité, armés de mitrailleuses lourdes et de lance-roquettes, avaient fait évacuer en urgence toutes les personnes présentes à l’aéroport international de Ndjili, à l’est de la ville. Cette intervention à l’aéroport semble avoir suivi les premiers coups de feu en provenance du camp Tshatshi.
Pendant une heure environ, la vie s’est comme arrêtée dans la capitale, mais elle avait repris un cours normal avant la tombée de la nuit : les voitures roulaient de nouveau et la circulation s’accompagnait de ses inévitables coups de klaxons tandis que des centaines de personnes arpentaient les rues à pied pour rentre chez elles.
L’essentiel des incidents semble avoir été circonscrit au camp Tshatshi et le long du fleuve Congo dans cette zone.
Vers 17h30, la GR avait levé le barrage qu’elle avait installé aux abords du Grand Hôtel de Kinshasa, près de la présidence, un des premiers établis dans le quartier.
À l’aéroport, la situation était revenue à la normale, la GR quittait les lieux tandis qu’affluaient des passagers pour les vols du soir vers Paris et Bruxelles.
Des "refoulés de Brazzaville" en cause ?
Les autorités étaient sur le qui-vive depuis quelques jours. M. Kimbuta a affirmé que les "infiltrés" faisaient partie des "refoulés de Brazzaville", allusion au plus de 130.000 ressortissants de la RDC expulsées ou parties dans l’urgence du Congo voisin depuis le début du mois d’avril à la suite d’une vaste opération policière qui a tourné à la chasse aux Kinois.
Selon un haut responsable des services de sécurité, près de 80 personnes ont été interpellées depuis samedi. Un nombre indéterminé d’entre elles ont été emprisonnées, selon des sources militaires. Elles seraient soupçonnées d’appartenir à la Division spéciale présidentielle (DSP), garde rapprochée du dictateur Mobutu Sese Seko, chassé du pouvoir en 1997 par Laurent-Désiré Kabila, père de l’actuel président, ou à l’ethnie Enyele qu’un conflit meurtrier avait opposé en 2009-2010 à une autre ethnie de la province de l’Equateur (ouest du pays), les Munzaya.
Kinshasa avait été le théâtre d’un apparent coup de force le 30 décembre dernier lorsque plusieurs dizaines d’assaillants, armés essentiellement d’armes blanches, avaient attaqué de manière concertée l’aéroport de Ndjili, le siège de la radio-télévision publique et le camp Tshatshi. Ces étranges attaques, sur lesquelles toute la lumière n’a pas encore été faite, avaient été noyées dans le sang.
(Avec AFP)
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