Voitures et préservatifs « non essentiels » : la Banque centrale de Tunisie fait marche arrière

La Banque centrale de Tunisie (BCT) a dressé une nouvelle liste des produits d’importation jugés « non essentiels » publiée lundi. La liste initiale de 604 produits a été largement réduite, pour atteindre 222 produits. Les véhicules et les préservatifs, dont le caractère « non essentiels » avait fait l’objet de vifs débats, sont redevenus « essentiels ».

 © DR/ Fatma Ben Hamad pour JA

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Publié le 1 novembre 2017 Lecture : 2 minutes.

« C’est une victoire ! » se réjouit Mehdi Mahjoub, le porte-parole de la Chambre syndical des concessionnaires automobiles, qui dépend du syndicat patronal majoritaire UTICA. « Notre pression médiatique, nos réunions avec le ministère du Commerce ces derniers jours, nos courriers assez secs au ministère des Finances et au bureau du Premier ministre ont payé. »

Pour faire entrer les marchandises listées par la Banque centrale de Tunisie comme « non essentiels », les importateurs doivent en effet justifier d’un fonds propre équivalent à la valeur des produits achetés. Une mesure classique pour freiner le déficit commercial qui s’élevait, fin septembre, à 11,5 milliards de dinars (3,9 milliards d’euros).

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Mais la publication de la nouvelle liste prouve que la pression des professionnels, qui dénonçaient une nouvelle contrainte qui les aurait obligés à anticiper une trésorerie sept mois à l’avance, a payé. Le nombre de produits a en effet drastiquement chuté, passant de 604 dans la liste du 10 octobre à 222. Et parmi les produits qui ont disparus de cette liste, les véhicules et les préservatifs, qui avaient fait l’objet des plus vifs débats dans le pays.

Soulagement dans le secteur de la Santé

Du côté du monde de la santé et de la prévention, où le soulagement est tout aussi important qu’au sein du patronat tunisien, il ne s’agit pas de raisons financières mais d’approvisionnement.

La Tunisie ne produit en effet  pas de préservatifs. La première entreprise du genre, Techno Latex, ne lancera la fabrication de ses trois gammes de préservatifs qu’en avril 2018. Issam Gritli, responsable à l’association de prévention ATL MST/Sida, évoquait une pénurie déjà existante de préservatifs subventionnés (10 centimes d’euros l’unité) dans les pharmacies.

Du côté des autorités, on se renvoie la balle sur ce couac

« Il n’y aurait pas eu de rupture de stock, assure cependant Hanène Chaabane, responsable de la prévention au sein de l’Office nationale de la famille et de la population (ONFP). Un million de préservatifs sont en attente de passer leur second test d’autorisation de mise à la consommation. Quand ça sera le cas, un deuxième lot de sept millions d’unités sera livré. »

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Du côté des autorités, on se renvoie la balle sur ce couac. Le ministère du Commerce extérieur renvoie à l’indépendance de la BCT qui est seule à valider la liste. « Cette liste est issue de plusieurs réunions avec le ministère du commerce extérieure et d’autres services. La Banque centrale ne décide pas toute seule, dément un employé de la BCT. Normalement, sur la liste ne doivent figurer que les produits que le pays produit déjà ou alors des produits de luxe. Les véhicules et les préservatifs n’auraient jamais dû s’y trouver. »

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