Niger : des figures de la société civile arrêtées en marge de la visite de François Hollande

Des manifestants et des figures de la société civiles, dont Ali Idrissa, coordinateur du Rotab, ont été arrêtés à l’occasion de la visite de François Hollande au Niger, vendredi. Ils entendaient protester contre Areva et le « pillage » des ressources du pays par des sociétés étrangères.

Une rue de Niamey, la capitale du Niger. © AFP

Une rue de Niamey, la capitale du Niger. © AFP

Publié le 18 juillet 2014 Lecture : 3 minutes.

Une vingtaine de manifestants ont été arrêtés, vendredi 18 juillet, à Niamey, lors de l’arrivée dans le pays de François Hollande, en tournée en Afrique. Ils se trouvaient sur l’itinéraire du président français, entre l’aéroport et le centre-ville, lorsqu’ils ont été interpellés par les forces de police. Selon des témoins, ils étaient vêtus de jaune, la couleur du "yellow cake", l’uranium extrait par la firme française Areva dans le nord du Niger.

La veille, le Collectif des organisations de la société civile "Sauvons le Niger" avait appelé les Nigériens à accueillir Hollande "avec le fanion jaune, symbole de notre rejet du pillage de nos ressources naturelles". Ils avaient également dénoncé la présence militaire française au Niger. 300 soldats français sont basés à Niamey dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel, l’objet principal de la visite officielle de Hollande au Niger.

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"On empêche les citoyens de manifester"

Peu de temps après cette annonce, l’un des leaders du collectif, Ali Idrissa, par ailleurs, coordinateur national du Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire (Rotab) et à ce titre bête noire d’Areva au Niger, avait été interpellé par les forces de l’ordre. "J’ai été interrogé pendant quelques heures et relâché à 17 heures", explique-t-il à Jeune Afrique.

La police judiciaire l’a à nouveau interpellé dans la nuit de jeudi à vendredi, aux alentours de 4 heures du matin, soit quelques heures seulement avant l’arrivée sur le sol nigérien de François Hollande. "Ils ont défoncé mon portail et m’ont amené à la PJ. Ils m’y ont gardé jusqu’à 11 heures et ne m’ont pas interrogé", raconte-t-il. À cette heure-ci, le président français rejoignait le palais présidentiel où il s’est entretenu en tête-à-tête avec Mahamadou Issoufou.

Deux autres leaders du mouvement, qui avaient appelé à manifester, ont subi le même sort. "C’est grave. On empêche les citoyens de manifester", peste Ali Idrissa. Dans un communiqué, l’ONG Oxfam France a condamné son arrestation : "Ali Idrissa a longtemps fait campagne sur les questions de transparence dans le secteur extractif. Il a récemment mené une campagne, en partenariat avec Oxfam, pour que le Niger obtienne un accord équitable et un montant juste pour son uranium, dans le cadre des renégociations entre Areva et le Niger". L’ONG a appelé François Hollande à "remettre les questions de libertés d’expression et d’association au cœur de son dialogue avec les autorités nigériennes".

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Hollande loue la démocratie nigérienne

Interrogé par Jeune Afrique, le ministre nigérien de l’Intérieur, Hassoumi Massaoudou, un proche du président Mahamadou Issoufou, confirme ces arrestations. "Ils ont lancé un appel à manifester illégal car ils n’ont fait aucune demande officielle, ni auprès de la mairie, ni auprès du gouvernorat. Ils veulent faire croire, avec l’aide de certaines ONG, que le Niger est un régime totalitaire. C’est faux. La démocratie n’est pas synonyme d’anarchie. S’ils avaient fait une demande d’autorisation à manifester, ils l’auraient obtenue". Le ministre récuse par contre les horaires avancés par Ali Idrissa. "Il a été relâché à 9 heures", affirme-t-il. Selon lui, aucun des militants arrêtés ne seront poursuivis : "Il s’agit d’une action pédagogique, pour faire comprendre qu’on ne peut pas faire n’importe quoi au Niger".

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Durant la conférence de presse qui a suivi l’entretien entre le président français et son homologue nigérien, en milieu de journée, François Hollande a loué "la démocratie et le pluralisme" au Niger.

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Rémi Carayol, envoyé spécial

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