Tunisie : ce que le président du Parlement européen est venu dire à Tunis

Pour sa première visite officielle hors Union européenne, le président du Parlement européen, Antonio Tajani, s’est rendu les 30 et 31 octobre à Tunis. Il y a parlé d’avenir, mais aussi des inquiétudes du moment.

Le président du Parlement européen, Antonio Tajani, reçu par le président tunisien Beji Caid Essebsi le 31 octobre 2017. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Le président du Parlement européen, Antonio Tajani, reçu par le président tunisien Beji Caid Essebsi le 31 octobre 2017. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Publié le 1 novembre 2017 Lecture : 2 minutes.

En deux jours, Antonio Tajani, le président italien du Parlement européen, a rencontré tous ceux qui comptent à Tunis : le président de la république, le Chef du gouvernement, les députés de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP),  la centrale patronale et la société civile. A tous, il a assuré du soutien de l’Europe à la démocratie naissante en Tunisie et à l’Afrique. Mais il a aussi tiré des sonnettes d’alarme sur des sujets qui reflètent les préoccupations de l’Europe.

• Sécurité

Conscient de la fragilité de la Tunisie et des effets du conflit libyen aux frontières, Tajani n’en pas moins mis la sécurité au cœur de ses échanges et demandé aux autorités tunisiennes d’accroître leur vigilance et de renforcer les contrôles des flux migratoires, dont celui du retour des combattants de l’État islamique.

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Une inquiétude pour l’Europe d’autant que depuis septembre 2017, la migration clandestine de la Tunisie vers l’Italie s’est accrue. Sans faire l’amalgame entre terrorisme et migration irrégulière, Tajani estime que la Tunisie pourrait être un point de passage et invite à une coopération sécuritaire entre les pays membres de l’Union Européenne (UE) et les services tunisiens.

• Processus démocratique

Soulignant l’effet néfaste de « mouvements populistes hostiles à la liberté et à la démocratie », Tajani a rappelé à la Tunisie la nécessité de garantir le pacte démocratique et de clore le cycle de sa transition, auquel l’UE apporte son soutien, par la tenue d’élections municipales et régionales régulièrement reportées depuis deux ans mais « nécessaires à l’ancrage de la démocratie locale et à l’essor économique des régions intérieures », selon Tajani.

• Partenariat privilégié

Le président du parlement européen a également taclé le protectionnisme dont font montre certains décideurs tunisiens, qui freinent depuis 2012 l’aboutissement de l’Accord de libre échange complet et approfondi (Aleca) qui devrait élargir et consolider la coopération économique entre l’UE et la Tunisie et conférerait à cette dernière le statut de partenaire privilégié.

• Objectif Afrique

Cette visite à Tunis a aussi été une opportunité pour le président du Parlement européen d’exposer la stratégie européenne pour l’Afrique à quelques semaines du sommet d’Abidjan qui se tiendra le 22 novembre.

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Selon Tajani, les investissements productifs en Afrique permettraient de contrer l’immigration vers l’Europe : « Ce n’est pas avec les discours qu’on peut convaincre les migrants de rester chez eux. Il faut leur offrir des possibilités d’avoir une vie décente, d’où la nécessité d’engager des investissements. »

Dans cet optique, le président du Parlement européen a proposé que l’Europe puisse débloquer dans son budget, à partir de 2020, « 40 milliards d’euros pour un effet levier de 400 milliards d’euros ». Une manière pour l’Europe de reprendre pied sur le continent et de contrer la concurrence de la Chine et de la Turquie, qui entendent y faire des affaires. Une manière, également, de rectifier des erreurs de stratégie et de sous évaluation des situations comme cela a été le cas avec la Libye. Antonio Tajani, qui mise sur le sommet d’Abidjan, effectuera également une visite à Alger en février 2018, avant de se rendre au Maroc.

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