Gaza : la controverse du « roof knocking » israélien
Un coup de téléphone, un premier missile d’avertissement et, quelques minutes plus tard, le bombardement d’un bâtiment. La procédure du « roof knocking » (frappe sur le toit) utilisée par Tsahal fait polémique.
Plébiscitée par les défenseurs de l’armée israélienne, vilipendée par d’autres, cette méthode divise et crée la controverse. Surtout depuis la diffusion sur les medias sociaux d’une vidéo filmée par l’agence de presse Watania, basée à Gaza.
On y voit la maison de la famille Nofal visée par une première frappe, un "avertissement", avant d’être bombardée 15 minutes plus tard (durée réduite à une minute dans la vidéo).
Avertissement ou bombardement ?
Les réactions divergent sur twitter.
.@Tsahal_IDF Le "Roof knocking" d’Israël qui consiste à envoyer des bombes préventives sur la population civile est profondément ignoble.
— DoNoT3sk (@DoNoT3sk) 16 Juillet 2014
Roof knocking: Another amazing way the #IDF is trying to save lives. #IsraelUnderFire http://t.co/42C3g3Aro4
— StandWithUs (@StandWithUs) 12 Juillet 2014
#Gaza THE SLAUGHTER OF THE INNOCENTS – roof knocking and telephone calls by IDF, simply let terrorists flee and innocent civilian kids die.
— pmphillips (@pmphillips) 16 Juillet 2014
S’agit-il d’une technique d’avertissement efficace ou d’une violation des droits humains ? La question se pose et l’organisation Amnesty International y a répondu le 11 juillet en condamnant fermement cette pratique qui provoquerait des dommages collatéraux.
"En aucune manière tirer un missile sur une maison de civils peut constituer un ‘avertissement’ efficace. Amnesty International a en sa possession des documents qui prouvent que des civils ont été tués ou blessés par de telles frappes au cours d’opérations militaires israéliennes précédentes dans la bande de Gaza".
Les missiles d’avertissement sont souvent précédés par un appel téléphonique. Le Washington Post (en anglais) rapporte ainsi un échange entre une habitante de Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza, et "David" qui s’est présenté comme un militaire israélien.
"Il m’a demandé mon nom. Il a dit : ‘Vous avez des femmes et des enfants dans la maison. Sortez. Vous avez cinq minutes avant que les roquettes n’arrivent’", a raconté Sawsan Kawarea le 9 juillet. Peu après, sa maison a été frappée par une petite roquette avant qu’un plus gros missile ne détruise le bâtiment, cinq minutes plus tard.
Objectif affiché : réduire les pertes civiles
Le combo appel téléphonique et premier missile d’avertissement est utilisé par l’armée israélienne depuis plusieurs années. Des témoignages dans la presse de la part de Palestiniens visés remontent à 2006. Vivement critiquée pour les nombreuses pertes civiles engendrées par ses opérations, Tsahal veut prouver par cette procédure sa bonne volonté dans la réduction du nombre de morts civils.
Pourtant, l’opération aérienne "Bordure protectrice" a fait 230 morts et plus de 1 700 blessés en 10 jours, entre le 8 et le 17 juillet, et parmi eux des femmes et des enfants. Les autorités israéliennes imputent ces nombreuses pertes civiles notamment au Hamas, qui utiliserait la population comme "bouclier humain". L’ambassadeur israélien aux Nations unies avait accusé l’organisation devant le Conseil de Sécurité le samedi 10 juillet : "Ils commettent deux crimes de guerre à la fois : ils visent des civils israéliens en se cachant derrière des civils palestiniens".
Avertissement ou pas, certaines organisations internationales estiment que le bombardement de maisons d’activistes du Hamas est tout simplement une atteinte au droit international. "Même si les civils ne sont pas blessés, ces maisons ne sont pas des cibles militaires légitimes, et les attaquer est une violation du droit humanitaire international", a déclaré dans un communiqué le Centre d’information israélien pour les droits de l’homme dans les territoires occupés, B’Tselem. Il a ensuite rappelé que seuls les lieux qui "soutiennent réellement l’effort militaire" sont des cibles légitimes.
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