L’Afrique du Sud honore son premier Mandela Day depuis la mort de l’icône

L’Afrique du sud fêtait vendredi l’anniversaire de Nelson Mandela, qui aurait eu 96 ans. Comme c’est désormais la tradition depuis 2010, chaque citoyen était invité à donner 67 minutes de son temps pour faire une bonne action. Reportage.

Reconnu par l’ONU, le Mandela Day existe depuis 2010. © AFP

Reconnu par l’ONU, le Mandela Day existe depuis 2010. © AFP

Publié le 18 juillet 2014 Lecture : 3 minutes.

Ils sont une petite quinzaine à s’affairer par cette matinée du 18 juillet autour d’un baraquement en tôle. Casques de chantiers sur la tête, marteau et clous dans les mains, ces hommes et ces femmes – blancs pour la plupart – détonent à Diepsloot, l’un des townships les plus pauvres du pays. À l’initiative de l’ONG Afrika Tikkun, ces bénévoles sont venus réparer le logement de Kate, une vendeuse informelle qui vit dans 10 m2 avec ses cinq enfants, à l’occasion du premier Mandela Day depuis la mort de Madiba.

"Malheureusement, on a pas encore les moyens de construire des maisons en dur pour ces gens", regrette Sipho Mamize, responsable local de l’association. Du côté des bénévoles, pour beaucoup, c’est la première fois qu’ils mettent les pieds dans un endroit aussi pauvre, situé pourtant à quelques kilomètres de chez eux. "Honnêtement, le reste de l’année, je ne fais pas trop d’actions caritatives. Mais en venant ici, je me rends compte de la pauvreté dans laquelle habitent ces gens. Ça m’ouvre les yeux sur mon pays", confie Megan, 29 ans, une plaque de tôle dans les mains.

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Nelson Mandela aurait eu 96 ans. © AFP

"C’est le minimum"

En quelques heures, le vieux baraquement est remplacé par un autre, plus solide et équipé de panneaux solaires. "Elle pourra avoir un peu d’électricité pour faire fonctionner des diodes. C’est le minimum de venir ici et de donner un peu de temps. Ce n’est pas grand chose par rapport à ce que Mandela a fait", estime Rudi, un Afrikaner qui vient également pour la première fois à Diepsloot.

Dans tout le pays, les initiatives sont variées et les participants nombreux, même si le Mandela Day n’est pas un jour férié à part entière.

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Autour de la nouvelle maison en tôle, les curieux s’attroupent. Parmi eux, Moyo, un habitant de Diepsloot est à la fois satisfait et perplexe. "C’est une bonne chose, car ça permet à ces gens de voir où l’on vit. Quant à nous, c’est difficile parfois d’apprécier le travail de Mandela, car on vit toujours dans une extrême pauvreté", explique t-il. Dans tout le pays, les initiatives sont variées. Si le Mandela Day n’est pas un jour férié à part entière, ils sont nombreux à prendre ces fameuses 67 minutes (comme les 67 années de combat politique de Mandela), sur leur emploi du temps pour faire une action de solidarité.

>> Lire notre dossier : "Mandela, l’Africain du XXe siècle"

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Prisonniers politiques

Au Cap, des associations distribuaient ainsi des sandwiches aux plus démunis, à Sandton, le quartier chic de Johannesburg, la radio SAfm organisait une collecte de livres pour une école, tandis que d’autres bénévoles plantaient des arbres près de Pretoria. D’autres initiatives faisaient plus directement écho au combat de Mandela, comme celle de l’ONG Civicus qui organisait un rassemblent de 67 minutes, dans le centre de Johannesburg, pour protester contre l’incarcération des prisonniers politiques.

Au niveau officiel, le président Zuma, lui, avait invité ses concitoyens à participer à une grande opération de nettoyage des cours d’eau, des rues ou des écoles. Près de 8 mois après la disparition du père de la nation, les Sud-Africains semblent donc toujours prêts à faire vivre l’héritage de celui qui les a réconciliés. Mais certaines voix se montraient cependant plus réservées. Julius Malema, le leader des Combattants pour la liberté économique (un parti de gauche radicale), regrettait par exemple, il y a quelques jours que ces bonnes actions se limitent à une seule journée.

À Diepsloot, Kate et ses cinq enfants dormiront désormais dans leur nouveau logement, un peu moins insalubre que le précédent même s’il reste aussi minuscule. Les bénévoles, eux, seront repartis. Et rien ne dit qu’ils reviendront dans le township avant l’année prochaine.

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Pierre Donadieu, à Johannesburg

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