Bizarreries ramadanesques

Publié le 16 juillet 2014 Lecture : 2 minutes.

Le ramadan, ça se passe comment au pays des tulipes ? En gros, ce n’est pas très différent de ce qu’on observe à Casa, Alger ou Tunis : on jeûne de l’aube au crépuscule, puis on s’empiffre joyeusement pendant les quelques heures où c’est licite. Une différence de taille : n’étant pas en pays musulman, on doit jeûner parmi des gens qui se baladent avec un sandwich dans une main et une bière bien fraîche dans l’autre. Le mérite en est peut-être plus grand auprès du Très-Haut. Tout de même, je suis tombé sur quelques bizarreries que je soumets à votre sagacité :

1. Faiza. C’est une collègue pakistanaise qui m’a dit qu’elle jeûnait tous les jours de 7 heures du matin à 7 heures du soir. Or, en ce moment, il fait jour jusqu’à 11 heures du soir ici, à Amsterdam. Mais non : la petite Faiza dîne tranquillement à 7 heures du soir, même si on est encore en plein jour. Comment se peut-ce, demandez-vous ? Voici son raisonnement : l’islam est apparu dans le Hedjaz, là où la longueur du jour ne varie pas beaucoup au cours des saisons. Si un musulman en exil au pôle Nord, où le jour dure six mois, voulait respecter les prescriptions légales, il mourrait de faim, ce qui n’est pas le but de la manoeuvre. Donc, il faut jeûner exactement pendant la durée moyenne d’un jour dans le Hedjaz. La petite Faiza, qui est une scientifique, a calculé cette durée, toute seule dans son coin, et elle s’y tient mordicus.

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2. Alije. C’est une étudiante kosovare dont la famille s’est réfugiée ici pendant la guerre des Balkans. Alije jeûne deux semaines pendant le ramadan, jamais plus. Pourquoi ? Parce que, me dit-elle, son père a découvert en faisant des recherches généalogiques que leur famille était catholique il y a moins d’un siècle. Du coup, Alije se dit "catholique musulmane" : elle fait fifty-fifty. Elle va parfois à la messe, parfois à la mosquée. Et elle ne jeûne que quinze jours. Étonnant, non ?

3. Adil. Adil a une petite amie protestante, appelons-la Anna, dont les parents font le carême. Autrefois, les protestants jeûnaient vraiment, mais aujourd’hui ils se contentent de se priver de quelque chose de bon pendant ledit carême. Par exemple, la mère d’Anna se prive de sucreries et son père renonce au tabac. Du coup, l’ami Adil, qui est d’origine marocaine, a eu l’idée de simplifier le ramadan : pendant le mois sacré, il ne jeûne pas, mais il ne mange que des aliments très sobres : du pain, du fromage, des fruits et des légumes, c’est tout. Devant ma stupéfaction, il a ajouté qu’ainsi il se sentait plus près de l’esprit du ramadan : au moins, lui ne se bourre pas de viande, de sauces et de sucreries toute la nuit comme ses coreligionnaires. Je ne sais pas quoi penser de ces trois cas, sauf que ce ne sont pas des cas pendables. Après tout, la sourate 17, verset 15, précise que "nul ne portera le fardeau d’autrui". À chacun son ramadan…

PS : tout ce qui précède est absolument authentique.

>> Lire aussi notre dossier consacré au ramadan

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