Livres : il faut sauver le cheval berba
Utilisé autrefois dans le nord du Bénin pour la chasse traditionnelle aujourd’hui interdite, l’animal risque fort de disparaître.
Dans l’Atakora, région du nord du Bénin, vit encore (mais peut-être plus pour très longtemps) un merveilleux petit cheval, nommé cheval berba ou cheval de Matéri. Son origine est controversée : certains lui donnent des ancêtres barbes, d’autres le tiennent pour autochtone. Il entretient avec l’homme une relation privilégiée qui commence trois jours après sa naissance, lorsque le poulain est désigné pour être le compagnon d’un enfant.
Le cheval ne grandit pas seul ou en troupeau mais avec sa mère et en "couple" cheval-cavalier. L’enfant et le jeune animal se forment ensemble, grandissent et vieillissent ensemble jusqu’au décès de l’un des deux.
Cet animal était le compagnon de chasse et de fête de la population berba jusqu’à ce que la transformation d’une majorité du territoire béninois en réserve naturelle entraîne l’interdiction de la chasse traditionnelle. Aujourd’hui, ces chevaux ont perdu leur rôle économique. Ils restent la marque d’un certain statut social et témoignent de traditions préservées chez ceux qui les possèdent.
Cela est malheureusement insuffisant pour assurer leur survie. Le cheptel des berbas, déjà peu important – trois cents têtes environ – risque donc de se réduire encore, et l’attachante monture de disparaître.
L’étude qu’Omar Coulibaly consacre à cette race, dans le cadre du master de développement durable de l’université Paris-Sorbonne, est à la fois une plongée dans les traditions de la société berba et un plaidoyer pour la sauvegarde de son cheval. Ainsi la dernière partie de l’ouvrage aborde-t-elle les pistes qui pourraient favoriser de nouvelles utilisations du berba.
Un modèle traditionnel de relations homme-cheval
Cet essai est le fruit de quelques rencontres fortuites. La plus ancienne, d’abord, réunit deux amoureux de l’Afrique et du cheval : Michel Le Cornec, responsable d’une ferme expérimentale dans le nord du Bénin, et Jean-Louis Gouraud, ancien directeur de la rédaction de Jeune Afrique, éditeur, écrivain et sans doute l’un des meilleurs connaisseurs, en France, des chevaux d’Afrique.
Vient ensuite la rencontre entre ces deux personnages et Sylvie Brunel, spécialiste des questions de développement et géographe de renom, elle aussi amoureuse des chevaux. Ainsi entouré, Omar Coulibaly a disposé des meilleurs soutiens pour mener à bien sa recherche. Il en a tiré une étude passionnante qui non seulement nous alerte sur la nécessité d’agir pour sauver le berba mais représente aussi une somme de connaissances essentielles sur un modèle traditionnel de relations homme-cheval assez rare, où l’animal n’est pas destiné à la guerre mais au compagnonnage avec l’homme.
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