Afrique du Sud : les services secrets exigent le retrait d’un livre explosif sur Jacob Zuma
Les services secrets sud-africains ont exigé le retrait d’un livre publié récemment qui dénonce la corruption au sein du gouvernement du président Jacob Zuma.
La maison d’édition Tafelberg a reçu ce 1er novembre une lettre de l’agence de sécurité de l’État (SSA) demandant le retrait d’un livre sur le président Jacob Zuma et la suppression de plusieurs passages. En cas de refus, la SSA menace de saisir la justice. The President’s Keeper (« Les Gardiens du président »), écrit par le journaliste sud-africain d’investigation Jacques Pauw, détaille comment d’importantes sommes d’argent public ont été transférées sur les comptes bancaires de faux espions.
Le livre, sous-titré « Ceux qui maintiennent Zuma au pouvoir et loin de la prison », révèle aussi comment le président se débarrasse de ses adversaires pour rester au pouvoir.
Dans une lettre adressée à Tafelberg, la SSA affirme que le livre « regorge d’inexactitudes » et pourrait mettre en danger certains de ses agents. Le livre reste en vente dans l’immédiat, précise la maison d’édition.
Our response to the #SSA's cease and desist letter demanding we withdraw #ThePresidentsKeepers by #JacquesPauw from stores. pic.twitter.com/L5nZv2woRW
— NB Publishers (@NBPublishers) November 6, 2017
Scandales à répétition
La parution le 29 octobre de l’ouvrage intervient au moment où Jacob Zuma est empêtré dans des scandales de corruption.
La justice a récemment autorisé le parquet à relancer des poursuites pour corruption contre le chef d’État en marge d’un contrat d’armement. En 2016, un rapport de la médiatrice de la République avait aussi dénoncé sa collusion avec le richissime et sulfureuse famille d’hommes d’affaires Gupta.
L’administration fiscale sud-africaine a également annoncé avoir saisi la justice après la publication, dans le journal Sunday Times, d’un article basé sur le livre de Jacques Paw. Dans cet article, le patron du fisc, Dan Moyane, est accusé d’aider le président sud-africain à échapper aux impôts.
Le 2 novembre, Jacob Zuma a été interrogé au Parlement par des députés au sujet d’éventuels dons d’argent par des hommes d’affaires. Il a démenti toutes ces accusations.
Son deuxième et dernier mandat s’achève en 2019 mais ses jours à la présidence sud-africaine pourraient s’abréger en fonction des résultats de la conférence de son parti, le Congrès national africain (ANC), prévue du 16 au 20 décembre prochains.
L’ANC doit y élire celui ou celle qui le remplacera à sa tête. Le président soutient la candidature de son ancienne épouse Nkosazana Dlamini-Zuma, face notamment au vice-président Cyril Ramaphosa.
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