Tunisie : le parti Al Joumhouri se désolidarise du gouvernement de Youssef Chahed
Al Joumhouri affirme ne plus s’entendre avec le parti au pouvoir, Nidaa Tounes. Un retrait sans véritables conséquences, mais qui dévoile les faiblesses du gouvernement d’union nationale.
Le secrétaire général du parti Al Joumhouri, Issam Chebbi, a annoncé, ce lundi 6 novembre que son parti retirait son soutien au gouvernement d’union nationale. Il avait pourtant compté parmi les neufs partis (Nidaa Tounes, Ennahdha, Afek Tounes, Machrou Tounes, Mouvement Achaab, Al Moubadara, Al Joumhouri et la Voie démocratique et sociale, Al Massar) et trois organismes nationaux à avoir paraphé, en juillet 2016, le document de Carthage, qui édictait les priorités et la feuille de route de l’exécutif, confié à Youssef Chahed en août 2016.
Issam Chebbi justifie cet abandon par une incompatibilité avec le parti au pouvoir, Nidaa Tounes, et son directeur exécutif, Hafedh Caïd Essebsi. Au passage, Al Joumhoury perd Iyed Dahmani, ministre chargé des relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement, qui a préféré démissionner du parti le 4 novembre plutôt que de quitter la Kasbah. Membre du pré-carré de Youssef Chahed, qu’il connait depuis 2011, le dissident d’Al Joumhouri pourrait être tenté de suivre le chef du gouvernement dans d’éventuelles futures péripéties politiques.
Ne plus soutenir le gouvernement n’aura que peu d’effets négatifs sur Al Joumhouri. Au contraire. Le parti, qui avait enregistré en 2011 et 2014 des revers électoraux, aura ainsi les coudées franches pour s’inscrire dans l’opposition, bien que ne disposant que d’un siège à l’Assemblée tunisienne. Une situation qui lui permet d’aborder les municipales de 2018 et les législatives de 2019 en se prévalant non seulement d’une certaine indépendance vis-à-vis du gouvernement, mais aussi de la faculté de dire qu’il a donné donné l’alerte en prenant ses distances avec le document de Carthage.
Difficultés à tenir le cap
Le départ d’Al Joumhouri ne changera rien à la marche du gouvernement mais entache l’image d’une union nationale soudée autour d’un exécutif annoncé comme celui de la dernière chance pour la stabilité de la Tunisie, qui a connu depuis 2011 pas moins de dix gouvernements. Mais ce retrait dit aussi toutes les difficultés du gouvernement à tenir le cap. Issam Chebbi dénonce les pressions exercées par les deux partis majoritaires à l’Assemblée, Ennahda et Nidaa Tounes, qui, à ce titre, entendent mener la danse de l’exécutif. Il met aussi Youssef Chahed en fâcheuse posture en lui souhaitant « bon courage » et en lui souhaitant également « de s’affranchir des pressions des autres partis ».
« Al Joumhouri n’a plus de réelle influence », assure un député du Front Populaire. Il est vrai que cette manœuvre, sans grandes conséquences, permet à Al Joumhouri d’obtenir de la visibilité le temps d’une conférence de presse. Il n’empêche que cette décision est une mauvaise publicité qui dévoile les faiblesses du gouvernement et va contribuer à alimenter les rumeurs et les interrogations sur sa fiabilité.
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