Togo : 2030 à l’horizon
Kako Nubukpo est ministre togolais de la Prospective et de l’Évaluation des politiques publiques.
En créant le ministère chargé de la Prospective et de l’Évaluation des politiques publiques, le 11 octobre 2013, le chef de l’État a "institutionnalisé" sa volonté de faire entrer le Togo dans une ère nouvelle : celle de l’audace dans la vision du développement du pays et du sérieux dans la gestion des ressources à mobiliser.
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Pour que cette ambition prenne corps, il est indispensable de revisiter les concepts de prospective et d’évaluation des politiques publiques, afin d’en cerner les enjeux et les défis. Compte tenu de la complexité croissante des modes d’intervention et de la raréfaction des ressources, l’action des pouvoirs publics est en pleine mutation, et suscite toujours plus d’attentes en matière d’évaluation. Cette évaluation consiste à mieux connaître les actions de l’État et des administrations, avec pour double objectif de permettre aux citoyens d’en apprécier la valeur et d’aider les décideurs à en améliorer la pertinence, l’efficacité, la cohérence et les impacts.
L’évaluation des politiques et des programmes publics contribue à rationaliser la prise de décision, à moderniser la gestion de l’administration et des services publics, et à rendre plus efficaces leurs dépenses en améliorant les capacités institutionnelles, réglementaires et juridiques. Elle participe au développement de la responsabilité et des pratiques de "redevabilité" (c’est-à-dire le fait de devoir rendre des comptes en interne et à l’extérieur). Enfin, elle permet de faire progresser la bonne gestion, la gouvernance et le débat démocratique à tous les niveaux de gouvernement.
L’ensemble des citoyens est donc concerné par les enjeux de cette évaluation. Sa finalité repose en effet sur le principe de démocratie, qui lui impose la transparence, et sur celui de l’intérêt général, qui constitue le point de vue à partir duquel il faut débattre de la pertinence de l’action publique.
Pour toutes ces raisons, l’évaluation des politiques publiques doit ainsi être décidée et organisée en vue de l’intérêt général, s’exercer dans un cadre institutionnel clair et être conduite selon des principes spécifiques, au premier rang desquels se situe l’indépendance d’esprit.
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Une fois le passé et le présent évalués, il conviendra de construire l’avenir du Togo. C’est-à-dire de se préparer aujourd’hui pour demain. Sénèque a écrit dans les Lettres à Lucilius : "Il n’est pas de vent favorable à celui qui ne connaît pas son port." On ne peut ainsi développer une économie et une société sans une réflexion et une vision prospectives, qui doivent être partagées.
La décision du chef de l’État togolais de créer un ministère de la Prospective procède de sa volonté de doter le Togo de cette capacité d’anticipation, qui seule permettra au pays de sortir de la dictature de l’urgence. Baptisée Vision Togo 2030, cette démarche a pour objectif de produire des connaissances sur le passé, le présent et l’avenir du pays, et de lui donner les moyens de piloter sa transformation. En s’appuyant sur des analyses rétrospectives – notamment les études d’impact -, elle permettra aux décideurs politiques et économiques de synthétiser les tendances, d’élaborer des scénarios, d’anticiper les ruptures. Elle les aidera aussi à prendre des décisions stratégiques en introduisant de la cohérence dans la gestion et la planification du développement.
Qu’attendre, à terme, de cette réflexion prospective ? Une mobilisation plus forte de l’ensemble de la nation autour d’objectifs partagés. Le meilleur résumé des enjeux et défis d’une telle démarche nous a été donné par Nelson Mandela : "Une vision qui ne s’accompagne pas d’action n’est qu’un rêve, une action qui ne découle pas d’une vision, c’est du temps perdu. Une vision suivie d’action peut changer le monde."
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