Mauritanie : ouverture du procès en appel du blogueur condamné à mort pour apostasie

Le prévenu, Cheikh Ould Mohamed Ould Mkheiti, un musulman âgé d’une trentaine d’années, avait été arrêté en janvier 2014 pour un article sur internet jugé blasphématoire envers le prophète de l’islam. Sa condamnation à mort avait été cassée par la Cour suprême.

Mohamed Cheikh Ould Mkhaitir, blogueur mauritanien, était incarcéré depuis 2014. © DR / Human Rights Watch

Mohamed Cheikh Ould Mkhaitir, blogueur mauritanien, était incarcéré depuis 2014. © DR / Human Rights Watch

Publié le 7 novembre 2017 Lecture : 2 minutes.

C’est un procès très médiatique qui doit de nouveau s’ouvrir ce mercredi 8 novembre. Cheikh Ould Mohamed Ould Mkheitir – également identifié comme Mohamed Cheikh Ould Mohamed – est en effet attendu à la barre du tribunal de Nouadhibou (dans le nord-ouest du pays), il est détenu depuis bientôt quatre ans, a indiqué à l’AFP l’un de ses avocats.

« Ould Mkheitir sera jugé demain mercredi par une cour d’appel autrement composée sur décision de la Cour suprême », a ainsi affirmé son avocate, Me Fatimata M’Baye. Et pour cause :  le 31 janvier 2017, la Cour suprême avait ordonné la cassation du verdict, ouvrant la voie à un procès devant une nouvelle « Cour d’appel autrement composée pour corriger les erreurs commises », sans préciser ses griefs.

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Levée de boucliers des ONG

La condamnation à mort du jeune homme avait provoqué une levée de boucliers de la part des organisations de défense des droits de l’homme. Parmi elles, Amnesty International et Human Rights Watch (HRW), qui ont une fois de plus appelé à la cassation définitive de la sentence.  Le prévenu est un « prisonnier d’opinion, en détention uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression et s’être élevé contre la discrimination », affirme Amnesty dans un communiqué.

« La Mauritanie ne devrait accuser personne d’apostasie, et encore moins condamner un blogueur à mort pour une accusation aussi absurde basée sur un article qu’il a écrit », a déclaré pour sa part Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord. « C’est une bonne chose que la Cour d’appel réexamine cette affaire, mais Mkhaitir n’aurait initialement jamais dû être accusé. »

L’apostasie requalifiée en mécréance

Dans son post de blog, le jeune homme critiquait l’utilisation de la religion pour justifier certaines discriminations dans la société mauritanienne, rappellent les ONG. Cette prise de position lui avait valu d’être condamné à mort le 24 décembre 2014 par la Cour criminelle de Nouadhibou pour apostasie. Si la peine capitale n’a plus été appliquée en Mauritanie depuis 1987, il s’agissait du premier cas de condamnation à mort pour apostasie dans le pays.

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Quelques mois plus tard, le 21 avril 2016, la Cour d’appel de Nouadhibou avait confirmé la sentence, tout en requalifiant les faits en « mécréance », une accusation moins lourde prenant en compte son repentir, puis renvoyé son dossier devant la Cour suprême. Loin d’accepter son repentir, le Forum des oulémas et imams pour la défense du prophète de l’islam, créé en 2014, avait pour sa part demandé que le blogueur soit »tué pour mécréance et apostasie ».

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