L’Afrique n’est pas prête à être « la ferme de la Chine », ni « l’usine du monde »

Si les relations commerciales entre le continent africain et la puissance asiatique se sont considérablement développées ces dernières années, l’Afrique n’est pas près de devenir « la ferme de la Chine », pas plus que la future « usine du monde ». C’est en substance ce qu’affirme la dernière publication de la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (Coface).

Le président chinois Xi Jinping durant son discours au sommet Chine-Afrique, à Johannesburg, le 4 décembre 2015. © AP/SIPA

Le président chinois Xi Jinping durant son discours au sommet Chine-Afrique, à Johannesburg, le 4 décembre 2015. © AP/SIPA

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Publié le 8 novembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Dans sa dernière étude, intitulée « Chine-Afrique : le mariage de raison va-t-il durer ? », publiée début novembre, l’expert français en assurance-crédit Coface se penche sur les relations économiques entre la puissance asiatique et le continent, analysant échanges commerciaux et flux d’investissement de ces dernières années.

« Nos résultats suggèrent que la dépendance [des pays africains aux exportations vers la Chine] a augmenté significativement entre 2006 et 2016 », notent les auteurs de l’étude. Une situation qui les rend « très exposés à une correction plus forte de la demande chinoise ou à un retour à des prix plus faible des matières premières », deux phénomènes en cours.

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« Les exportations d’Afrique subsaharienne vers la Chine restent essentiellement concentrées sur les ressources naturelles [qui] représentent presque 80 % des exportations totales vers la Chine. En revanche, les exportations sont moins concentrées et sont dominées par les produits manufacturés », notent les experts de Coface, qui pointent des « relations commerciales déséquilibrées » (voir graphique).

Évolutions prometteuses

Cependant, Coface note des « évolutions prometteuses » vers la diversification des exportations africaines. Ainsi, alors qu’en 2008, les combustibles et métaux représentaient 80% du panier des exportations de l’Afrique vers la Chine, ce chiffre est passé à 53% en 2016. Bien sûr, tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne : les gros producteurs de pétrole que sont le Soudan du Sud et l’Angola, ou le producteur de bois qu’est la Gambie, sont ainsi nettement plus dépendants des exportations vers la Chine que des pays à l’économie plus diversifiée comme la Côte d’Ivoire.

« Les rapports des médias sur un élan coordonné mené par la Chine afin de développer l’agriculture ont nourri le sentiment que la Chine était en train de renforcer sa future sécurité alimentaire en investissant lourdement sur le continent, ce qui est loin d’être vrai », estiment les auteurs du rapport, qui indiquent que si les produits agricoles exportés vers la Chine augmentent en volume, ils ne représentent toujours pas plus de 2 % du total des exportations.

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Cette croissance en volumes repose principalement sur le tabac, pour lequel le Zimbabwe est le principal fournisseur de la Chine, ainsi que sur les graines et fruits oléagineux.

Des investissements chinois qui se diversifient

De même, « les exportations de produits manufacturés vers la Chine restent anecdotiques, malgré une augmentation moyenne de 15% par an au cours des dix dernières années ». Les productions industrielles, notamment de textile, destinées au marché chinois, ne concernent qu’une poignée de pays, principalement situés en Afrique de l’Est, bien loin de ce qu’a pu permettre de créer le partenariat avec les États-Unis à travers l’initiative Agoa.

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Pourtant, les investissements chinois s’éloignent progressivement du secteur de l’extraction, laissant présager une diversification des échanges commerciaux entre Pékin et le continent. La puissance asiatique investit en effet massivement dans les transports, l’immobilier, les technologies (notamment télécoms), l’agriculture et les services publics.

En conclusion, si Coface met en garde les gouvernements africains contre une dépendance excessive aux financements chinois pour qu’ils ne deviennent pas « vulnérables aux variations de sa politique extérieure et à celles de sa demande », il compte sur les retombées de l’initiative One Belt One Road, qui pourrait « dynamiser les exportations vers la Chine, mais également faciliter le commerce intra-régional et avec les régions du Moyen-Orient et de l’Europe ».

Restrictions dans l’exportation des minéraux bruts : la leçon tanzanienne

Plusieurs gouvernements africains ont décidé de prendre à bras-le-corps le déséquilibre créé par le fait d’exporter des produits bruts et d’importer des produits transformés, en incitant à une transformation locale, voire en interdisant purement et simplement l’exportation de certains matériaux bruts. C’est notamment le cas de la RDC, qui a interdit début octobre l’exportation de cuivre et de cobalt non transformés – une mesure qui touche en premier lieu le chinois Sicomines.

Coface, qui a étudié une situation similaire en Tanzanie, où les exportations d’or et de cuivre non traités ont été interdites en mars 2017, met pourtant en garde contre ces mesures protectionnistes, relayant un rapport de l’OCDE selon lequel elles ne présenteraient « pas d’avantage manifeste pour l’industrie locale ». Pire, elles pourraient avoir un « effet dissuasif sur les investissements » et l’activité des entreprises. « Dans l’exemple de la Tanzanie, Acacia Mining, une filiale de l’entreprise canadienne Barrick Gold qui exploite plusieurs mines dans le pays d’Afrique orientale, a par conséquent annoncé qu’elle allait se retirer de la principale mine d’or du pays (Bulyanhulu) », note le rapport. La situation a cependant évolué depuis, le gouvernement tanzanien et Barrick Gold ayant fini par renouer le dialogue pour sortir de l’impasse.

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