Affaire Evra : coup de pied antiraciste, ou pas ?
Après l’agression d’un supporter marseillais par Patrice Evra, doit-on analyser l’acte violent du joueur sous le prisme de la réaction à un racisme nauséabond ?
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 9 novembre 2017 Lecture : 2 minutes.
Le 2 novembre, le défenseur de l’Olympique de Marseille assénait, à l’échauffement avant un match contre le Vitoria Guimaraes (0-1) en Ligue Europa, un coup de pied à un supporter indélicat… L’événement pourrait prêter à sourire, le geste gauche du latéral gauche faisant du Français le premier joueur à se faire expulser avant même le début d’un match, dans la formule actuelle de cette compétition. Le fait pourrait également inspirer une réflexion confortable sur la violence dans les stades, le concept de proportion dans la légitime défense et la nécessaire exemplarité des footballeurs. C’était sans compter la lecture « raciale » suggérée, dès le 3 novembre, sur le plateau de l’émission « 20h Foot » de la chaîne française CNews.
Pour évoquer le ras-le-bol d’Evra, le rappeur chroniqueur Rost, drapé dans sa légitimité d’intervenant en « quartiers sensibles », tente de dérouler une énumération de vexations subies par le joueur qui a le tort de commencer par les brimades racistes. Sans laisser se déployer la démonstration, l’animateur Pascal Praud dénonce les « propos insupportables » de l’avocat d’un jour. Débute alors une sorte de combat de coqs médiatiques qui tourne en rond, pendant de longues minutes, entre accusations de communautarisme et menace de quitter le plateau…
Brouhaha médiatique
Lors du Canal Football Club, deux jours plus tard, le consultant Pierre Ménès en rajoute une couche en affirmant que Patrice Evra avait été traité de « singe (…) par le mec qui a pris le coup de pompe, qui a également insulté sa mère sa famille… Oui, oui le mec qui a pris le kick. Mais c’est sûr qu’il va pas s’en vanter ». Et les supporteurs marseillais de crier au scandale sur les réseaux sociaux…
Certes, personne ne nie la gravité du racisme dans les stades, entre banderoles indécentes, hurlements de singe et lancers de banane. Mais à l’heure du tout-buzz, les positions tranchées, sur les plateaux télé, et le brouhaha médiatique qui en découle avant même que des enquêtes ne soit diligentées, ne traduisent-elles pas surtout le reflet d’une certaine impuissance dans la lutte contre la violence et contre le racisme dans les stades européens ? La Fifa est attendue au tournant.
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