Niger – Burkina : Mahamadou Issoufou, entre Salif Diallo et Blaise Compaoré
Comment le président nigérien Mahamadou Issoufou a-t-il résolu le dilemme de la rupture entre son ami Salif Diallo et son allié Blaise Compaoré ?
La rumeur les dit fâchés depuis la démission de plusieurs cadres du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) au mois de janvier, parmi lesquels Salif Diallo, l’ex-bras droit de Blaise Compaoré. "Il n’en est rien, assure un proche du président burkinabè. Au contraire, leurs rapports sont excellents. Ils s’appellent régulièrement, discutent de tout : de la situation sécuritaire dans le Sahel, de la politique intérieure…"
Il y a sept mois, quand son ami Diallo a rompu avec son allié Compaoré, Mahamadou Issoufou a été confronté à un véritable dilemme. Qui soutenir ? Diallo, un intime qui fait office de conseiller officieux à la présidence nigérienne depuis son élection et qui a fait de Niamey, où il a créé une société, son principal port d’attache en 2012 ? Ou Compaoré, l’homme qui l’a aidé, au nom de la solidarité socialiste, à créer son mouvement, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), au début des années 1990, qui lui a fait rencontrer l’ex-"Guide" libyen, Mouammar Kadhafi, et qui n’a jamais cessé de le soutenir quand il était dans l’opposition ?
Intérêts convergents
Le 5 février, un mois à peine après la démission de "Diallo and Co.", Issoufou a semble-t-il tranché en rendant visite à Compaoré à Ouagadougou. Les deux présidents ne sont pas toujours sur la même longueur d’onde, notamment en ce qui concerne la question touarègue. Mais ils sont liés par des intérêts convergents. Issoufou sait en outre que si Hama Amadou, son principal opposant, connaît bien Compaoré, il est surtout en très bons termes avec Roch Marc Christian Kaboré, le chef de file des démissionnaires du CDP.
Issoufou et Compaoré disposent par ailleurs d’une courroie de transmission de premier ordre en la personne de Mustapha Chafi. Le Mauritanien est l’un des conseillers les plus influents du président burkinabè. C’est moins connu, mais il conseille également le président nigérien. S’il a pour principe de ne pas s’impliquer dans la politique intérieure des pays dans lesquels il active ses réseaux, Chafi n’en reste pas moins un homme d’influence capable de servir de relais.
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