Djibouti : en route vers l’émergence

Djibouti poursuit son développement économique et social. Depuis 2016, le gouvernement multiplie les plans d’action afin de doper la croissance du pays. Une stratégie que défend Mag Teerey Ibrahim Ahmed, maître de conférence à l’université de Djibouti.

Image d’illustration : Equipe de surveillance et de sécurité dans le port de Djibouti, le 4 février 2013. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

Image d’illustration : Equipe de surveillance et de sécurité dans le port de Djibouti, le 4 février 2013. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

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  • Ibrahim Ahmed Mag Teerey

    Spécialiste de l’économie dans la Corne de l’Afrique. Maître de conférence à l’université de Djibouti.

Publié le 22 novembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Au palais présidentiel de Haramous, à Djibouti, le 28 février. Ismaïl Omar Guelleh est entouré de ses homologues Hassan Cheikh Mohamoud (Somalie), Uhuru Kenyatta (Kenya) et Hailemariam Desalegn (Éthiopie). © VINCENT FOURNIER/J.A.
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Djibouti : dans la cour des grands

Diplomatie, sécurité, énergie, finance… Ou en es Djibouti ? Notre dossier complet.

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Longtemps réduite à l’image d’une cité garnison des forces françaises et largement maintenue sous perfusion, la République de Djibouti a réussi le tour de force, en quarante années d’existence, de se forger un destin en épousant les évolutions de son environnement, et a su également s’inscrire dans les basculements en cours de l’ordre géoéconomique mondial, dans cet océan Indien en plein devenir.

Faiblement dotée en ressources naturelles, mais jouissant d’une position géostratégique sur l’une des principales routes du commerce maritime mondial, par où transitent près de 40 % des navires marchands, la République de Djibouti ambitionne de devenir une économie émergente grâce à son plan Djibouti Vision 2035.

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Longtemps absent des principales destinations mondiales, le pays connaît une première rupture dans son évolution avec le basculement du transit éthiopien, qui lui permet de renouer avec sa vocation originelle de port naturel de son voisin.

Sécurité et développement

Sa deuxième opportunité sera la suite des événements du 11 septembre 2001 et la lutte contre la piraterie, avec l’installation d’une impressionnante armada militaire étrangère dans le pays. Enfin, la dernière opportunité est celle qui est aujourd’hui à l’œuvre et qui doit arrimer la croissance économique du pays au mégaprojet de couloir logistique destiné à pénétrer le marché continental africain, faisant ainsi de Djibouti son hub en même temps que la première perle du collier chinois.

La nouveauté des développements actuels se situe dans des secteurs jusqu’ici encore inexplorés

Au cours de la période 1998-2011, les stocks des investissements directs étrangers (IDE) ont presque atteint le milliard de dollars (862 millions d’euros). Pour sa troisième phase de développement, qui a pris son envol avec sa participation au projet des nouvelles routes de la soie, la République de Djibouti change de dimension et de perspectives en consolidant fortement ses infrastructures dans les secteurs de la logistique, de l’hôtellerie, de la finance, et en investissant dans les productions énergétiques, l’eau et les télécommunications.

La nouveauté des développements actuels se situe dans des secteurs jusqu’ici encore inexplorés, tels que les prospections minières et l’industrialisation massive que compte impulser la zone économique de 4 800 hectares installée le long de la baie de Doraleh.

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Progrès encourageants

Pourtant, en dépit de tous ces efforts pour placer le pays sur une trajectoire ascendante, Djibouti était, jusqu’à la fin du mois d’octobre, handicapé par son classement sur le climat des affaires, concernant notamment la participation des PMI-PME à l’essor économique. Longtemps cantonné en queue des classements pour une large majorité des indicateurs, le pays vient de franchir un cap important en améliorant son score dans le classement « Doing Business » 2018, publié le 31 octobre par la Banque mondiale, passant de la 171e à la 154e place.

Le chemin est encore très long

Ce résultat a été construit dès décembre 2016, lorsque, sous la houlette du chef de l’État, l’ensemble du gouvernement s’est réuni pour identifier les facteurs entravant les PMI-PME et définir une priorisation des actions. Le président Ismaïl Omar Guelleh a ensuite inauguré le guichet unique intégral, en mars 2017, et lancé une commission de travail pilotée pour diligenter des réunions avec les différentes parties nationales, ainsi qu’avec les bailleurs de fonds, dans le but de mesurer les progrès accomplis.

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C’est grâce à cette démarche programmatique, à cette planification séquencée d’objectifs à atteindre, que Djibouti a pu gagner sa place dans les dix plus belles progressions du classement. Le chemin est encore très long et les arbitrages nombreux entre des intérêts souvent antagonistes. Mais il est le seul à suivre pour espérer rejoindre un jour Maurice (25e) ou le Rwanda (41e).

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