L’être humain, une marchandise comme une autre ?
La police burundaise vient d’interpeller deux trafiquants d’êtres humains. Le marché transfrontalier des individus est une autre facette de la mondialisation désabusée.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 10 novembre 2017 Lecture : 2 minutes.
Dans le grand supermarché qu’est devenu le monde globalisé, certains s’offrent des êtres humains comme d’autres achètent des produits de première nécessité. Qui allait acquérir les douze femmes interceptées, ce 8 novembre, par la police burundaise, dans la province de Muramvya, à une quarantaine de kilomètres de Bujumbura ? Menées, en bus, à un esclavage certains par deux trafiquants d’êtres humains, celles-ci étaient en route pour Kampala, en Ouganda, d’où elles devaient embarquer à destination d’Oman, l’État du Sud-Est de la péninsule arabique. L’année dernière, ce sont onze réseaux de trafiquants burundais, kényans ou ougandais qui ont été démantelés par la police du Burundi.
La traite des êtres humains regroupe plusieurs formes d’exploitations qui vont de l’esclavage au trafic d’organes, en passant par des activités assimilables comme la servitude, la mendicité forcée ou la prostitution. Le phénomène ne se limite pas à l’Afrique. Le 30 juillet a d’ailleurs été décrété « Journée mondiale de la dignité des victimes de la traite d’êtres humains ». Les pays pourvoyeurs de victimes ou de bourreaux se trouvent sur plusieurs continents, de la Chine à l’Albanie, en passant par la Syrie ou la Corée du Nord. Juteuse, la traite constituerait, d’après les statistiques des Nations unies et du Conseil de l’Europe, la troisième forme de trafic la plus répandue au monde, après le business des drogues et le commerce illégal des armes.
32 milliards de dollars de chiffre d’affaires
La vente d’êtres humains générerait environ 32 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel. En aval, l’exploitation des travailleurs forcés – notamment par les services sexuels tarifés – engendrerait des profits illégaux à hauteur de 150 milliards de dollars, selon le Bureau international du Travail. Ces « performances » économiques seraient rendues possibles par la mise sur le marché de 2,5 millions de personnes, essentiellement des femmes et des enfants.
La vulnérabilité des victimes est prisée par les trafiquants qui tentent de limiter l’emploi de la force pure, favorisant souvent le simple abus d’autorité de la part de parents dédommagés financièrement, ou la tromperie constituée de promesses de voyages lucratifs et éducatifs vite remplacées cependant par des confiscations de téléphone ou des rituels intimidants. Il en va des trafics d’humains comme de la gangrène jihadiste : comme ils prolifèrent dans des régions aux frontières évaporés ou perforées, la réplique doit être nourrie par une coopération internationale accrue.
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