Côte d’Ivoire : Pascal Affi N’Guessan fait-il le grand ménage au FPI ?
Pascal Affi N’Guessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), réorganise le secrétariat général du parti. Certains y voient une manière de tourner la page Gbagbo avant 2015.
C’est un "réaménagement", une "refondation" ou une "restauration"… Difficile, pour les militants du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de l’ancien président Laurent Gbagbo, de se mettre d’accord sur le terme adéquat pour désigner la "réorganisation" du secrétariat général de leur formation, annoncée le 4 juillet. Et encore, si les différences de point de vue n’étaient que d’ordre sémantique…
Au sein de cette nouvelle équipe, plusieurs changements notables : plus de membres (128 contre 77 auparavant), plus de vice-présidents (15 contre 10), plus de secrétaires nationaux. Avec un but, selon Pascal Affi N’Guessan, le président du FPI : "redynamiser et rajeunir le parti", tout en occupant davantage le terrain. "Il y a aussi plus d’intellectuels et d’universitaires pour réfléchir à notre programme de gouvernement et suivre plus précisément la politique du pouvoir actuel", ajoute l’ancien Premier ministre qui, depuis sa sortie de prison en août 2013, organise le retour de sa formation dans le jeu politique.
Un poste reste cependant "à pourvoir" : celui de secrétaire national chargé des actions pour la libération de Laurent Gbagbo. Un simple problème de casting selon Affi N’Guessan, qui assure être à la recherche du "bon profil", autrement dit d’une "personnalité forte" dotée d’"une formation juridique" et qui ne fasse l’objet d’aucune poursuite judiciaire l’empêchant de voyager à l’étranger afin de "mieux faire connaître le dossier Gbagbo".
Le FPI présentera-t-il un candidat en 2015 ?
Mais l’explication ne convainc pas tous les militants. Certains barons y voient même une preuve supplémentaire qu’Affi N’Guessan veut tourner la page Gbagbo, ou du moins que le sort de ce dernier n’est plus sa priorité. "La libération de Gbagbo est au coeur de notre combat et doit le rester", explique Laurent Akoun, qui n’est plus ni secrétaire général ni porte-parole du FPI depuis le 4 juillet (il a été remplacé par Agnès Monnet), mais 5e vice-président chargé de la vie du parti.
Représentant, avec le premier vice-président Aboudramane Sangaré, de cette ligne dite ultra qui pose la libération de son leader historique comme préalable à tout dialogue avec le pouvoir, Akoun affirme réfléchir, avec d’autres, à la possibilité de faire invalider cette réorganisation grâce aux "recours possibles en interne". Il ajoute : "Je ne comprends pas quel en est l’objectif. Bien que responsable de cette formation, je n’ai pas été consulté et la possibilité d’en débattre réellement ne nous a pas été donnée.
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C’est donc une sorte de coup de force avec lequel je ne suis pas d’accord." Selon un autre cadre du parti, il s’agirait d’un moyen pour Affi N’Guessan "de faire le ménage" en plaçant ses soutiens à la direction afin de "rendre majoritaire" sa ligne, plus pragmatique, mais "minoritaire lors des réunions du parti".
Réponse de l’intéressé : "Il ne s’agit évidemment pas de rompre avec Gbagbo, mais de continuer sa lutte." Et d’arguer que la présence de nombreux proches de l’ancien chef de l’État au sein de ce secrétariat et l’arrivée de son fils Michel au poste de secrétaire national chargé de la politique pénitentiaire et des détenus politiques en sont la preuve. Quant à Simone Gbagbo, en résidence surveillée à Odienné (Nord), elle avait été maintenue à son poste de deuxième vice-présidente – sans portefeuille dorénavant.
Quelques jours plus tard, elle a signifié par courrier son refus d’occuper cette fonction sur laquelle elle dit ne pas avoir été consultée. Tous ont en tête le prochain congrès du FPI, qui devrait se tenir avant la fin de l’année. Son enjeu est en effet crucial : principal parti d’opposition, le FPI présentera-t-il un candidat à la présidentielle de 2015 ou pratiquera-t-il la politique de la chaise vide, comme le souhaitent les ultras ?
On l’a déjà vu boycotter les législatives de 2011 et les municipales et régionales de 2013. Et il n’a toujours pas désigné de représentant au sein de la nouvelle Commission électorale indépendante (CEI), dont les membres ont été nommés en Conseil des ministres, le 9 juillet, et où l’un des dix-sept sièges lui est réservé.
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