Libye : l’aéroport de Tripoli fermé 3 jours suite à des affrontements
Des groupes armés s’affrontaient dimanche dans la capitale libyenne pour le contrôle de l’aéroport de Tripoli, illustrant la lutte d’influence entre libéraux et islamistes dans ce pays livré à l’anarchie depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Mis à jour à 17 heures 45
Six personnes ont été tuées et 25 autres blessées, selon un porte-parole du ministère de la Santé. Le gouvernement libyen n’a pas réagi encore à ces affrontements qui inquiètent l’Occident.
Les autorités aéroportuaires ont décidé de fermer l’aéroport durant au moins trois jours en raison de ces affrontements déclenchés quelques heures après une mise en garde des Etats-Unis contre le risque d’"un conflit généralisé en Libye".
L’attaque a été revendiquée par des milices islamistes déterminées à chasser les brigades de Zenten qui contrôlent plusieurs sites dans le sud de la capitale, dont l’aéroport.
"Des roquettes ont explosé dans le périmètre de l’aéroport vers 06H00 (04H00 GMT). Des affrontements ont suivi entre des ex-rebelles de Zenten (…) et d’autres groupes", a expliqué à l’AFP une source aéroportuaire sous couvert de l’anonymat.
Des tirs d’armes lourdes étaient entendus depuis le centre-ville, selon un correspondant de l’AFP, tandis que des témoins ont fait état de colonnes de fumée s’élevant au-dessus du périmètre de l’aéroport.
Selon une source à l’aéroport, l’attaque a été repoussée par les Zentanis mais des affrontements étaient toujours en cours autour d’autres sites occupés par ces derniers, en particulier sur la route de l’aéroport où des chars ont été aperçus, selon des témoins.
De récents appels avaient été lancés sur les réseaux sociaux par des milices islamistes pour "libérer la capitale" des ex-rebelles de Zenten, une ville située à 170 km au sud-ouest de Tripoli.
L’attaque contre l’aéroport a été revendiquée notamment par la Cellule des opérations des révolutionnaires de Libye, composée de milices islamistes considérées comme le bras armé du courant islamiste dans le pays.
Bien implantées dans la capitale, les brigades anti-islamistes de Zenten contrôlent depuis la chute de Kadhafi son aéroport, ainsi que des sites militaires sur la route reliant Tripoli à l’aéroport.
L’Occident inquiet
Incapables de construire une armée professionnelle, les autorités de transition ne parviennent pas en effet à dissoudre ou au moins à désarmer les groupes d’ex-rebelles qui font la loi dans le pays. Profitant de la faiblesse des autorités, Khalifa Haftar, un général dissident, appuyé par des unités de l’armée, a lancé le 16 mai une opération contre les milices "terroristes" dans l’est du pays.
Depuis, des affrontements quasi-quotidiens opposent ses forces aux groupes islamistes, en particulier à Benghazi, chef-lieu de l’Est libyen et fief de groupes radicaux. Les brigades de Zenten avaient exprimé leur appui à l’opération du général Haftar, que les islamistes accusent pour leur part de mener un coup d’Etat.
Dans ce contexte, les ministres des Affaires étrangères des voisins de la Libye se réuniront dimanche soir en Tunisie pour s’entretenir des moyens de soutenir ce pays en proie au chaos. L’Italie qui assure la présidence de l’Union européenne a appelé à une "action politique internationale immédiate pour encourager et soutenir la pacification et la reconstruction" du pays, a indiqué la ministre italienne des Affaires étrangères, Federica Mogherini.
De son côté le ministre britannique chargé du Proche-Orient, Hugh Robertson, a exhorté "toutes les parties à cesser immédiatement la violence et à s’engager dans un dialogue constructif".
De leur côté, les Etats-Unis ont mis en garde contre un "conflit généralisé", appelant à une réunion du nouveau Parlement élu le 25 juin, selon le porte-parole du département d’Etat Jen Psaki dans un communiqué.
La Haute commission électorale (Hnec) libyenne a annoncé le 6 juillet que seuls 184 sièges (sur 200) avaient été pourvus, le vote ayant été annulé dans plusieurs bureaux en raison de violences. Les résultats définitifs doivent être annoncés le 20 juillet.
Les listes politiques ayant été bannies, seuls des "candidats individuels" –mais pas forcément indépendants– avaient pu se présenter. La composition politique du futur Parlement ne sera donc pas connue dans l’immédiat. Mais selon des observateurs, le courant national (libéral) sera mieux représenté que les islamistes.
La future Chambre des représentants remplacera le Congrès général national (CGN), accusé d’avoir aggravé la crise dans le pays en raison d’une lutte d’influence entre libéraux et islamistes.
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