À Kigali, les dirigeants du secteur aérien réclament une libéralisation accrue

Alors que le secteur aérien connaît une bonne croissance en Afrique, les compagnies du continent ont du mal à réaliser des profits. En cause, une taille encore modeste et d’importants frais, notamment en termes de taxes et d’approvisionnement en kérosène.

Le 49e forum de l’Afraa se tient ces 13 et 14 novembre à Kigali. © Remy Darras pour Jeune Afrique

Le 49e forum de l’Afraa se tient ces 13 et 14 novembre à Kigali. © Remy Darras pour Jeune Afrique

Rémy Darras © Francois Grivelet pour JA

Publié le 14 novembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Si une poignée d’entre eux a préféré se rendre au salon aéronautique de Dubaï, il n’était pas question pour la plupart des dirigeants du secteur aérien africain de manquer à l’appel de leur grand-messe annuelle qui se tient jusqu’à ce mardi soir à Kigali. D’autant plus que sous la coupole multicolore du Convention Centre de la capitale rwandaise, les 495 délégués de la 49e assemblée générale de l’Association des compagnies aériennes aériennes africaines (Afraa) ont pu mettre tous les sujets sur la table.

Côté bons points, « le secteur a connu en 2016 sa septième année de croissance consécutive », a rappelé le secrétaire général sortant de l’Afraa, le Zimbabwéen Elijah Chingosho. Sur une année, le trafic de passagers a augmenté de 3,4 % en Afrique, d’après les chiffres de l’Association internationale du transport aérien (IATA) ; 77,6 millions de passagers ont volé en 2016 dans le ciel africain. Le trafic intra-africain a crû de 10 % ces dernières années, et le nombre de voyageurs devrait quadrupler dans les 20 ans.

40 % seulement des compagnies respectent les normes de sécurité

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Des compagnies encore modestes

Même si elle reste un défi, la sécurité s’est aussi améliorée : aucun accident fatal ne s’est produit durant l’année écoulée, s’est félicité le maître de cérémonie Chance Ndagano, directeur général de Rwandair. Pourtant, note Raphaël Kuuchi, vice-président Afrique de la IATA, il y a encore bien des lacunes : « 40 % seulement des compagnies respectent les normes de sécurité du manuel d’opération de la IATA, et il y a eu une moyenne de 2,5 accidents pour un million de voyages les années précédentes en Afrique, contre 1,6 au niveau mondial. »  

Comme le souligne l’ancien directeur général d’Ethiopian Airlines Ato Girma Wake, « les compagnies africaines sont encore petites » : ensemble, les dix plus grandes compagnies africaines ont transporté 46 millions de passagers, alors qu’Emirates en a transporté à lui seul 66 millions, Lufthansa 100 millions et American Airlines 199 millions…

Un secteur particulièrement taxé

Côte recettes, « seulement 5 compagnies ont réalisé plus d’un milliard de dollars de revenus en 2016, quand la plupart ont produit moins de 800 millions ». La profitabilité reste encore un vœu pieu pour elles. « Les compagnies africaines perdent 1,5 dollar par passager », estime ainsi Raphaël Kuuchi.

Seules les activités annexes, comme la manutention aéroportuaire ou le fret, sont rémunératrices

Vu comme une source de revenus non négligeable par les États, le secteur est particulièrement taxé. « Les charges représentent 40 à 120 dollars par passager », poursuit le dirigeant de la IATA.

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En outre, le coût de l’approvisionnement en kérosène est 20 % plus important en Afrique qu’ailleurs. Pour Chance Ndagano, « il est difficile de gagner de l’argent par la vente de billets. Seules les activités annexes, comme la manutention aéroportuaire ou le fret, sont rémunératrices ».

Sans compter que les compagnies ont parfois du mal à rapatrier leurs revenus dans des pays comme le Nigeria, l’Angola, l’Algérie, le Soudan, le Zimbabwe ou le Mozambique, compte tenu des problèmes de devises engendrés par la chute du cours des matières premières.

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Pour les intervenants, une des clés du développement passe ainsi par la libéralisation de leur espace aérien. Une ambition qui date de la déclaration de Yamoussoukro à la fin des années 1990, à laquelle 23 États se sont aujourd’hui engagés. Certains ont même doublé cette initiative d’une facilitation d’obtention des visas à l’arrivée. Si elle était entièrement mise en place, la libéralisation rapporterait 2,3 milliards de dollars aux PIB des États, selon la IATA.

Pour discuter de ces avancées, rendez-vous est déjà donné aux délégués dans un an à Rabat, pour la cinquantième assemblée générale de l’Afraa, sous les auspices de la Royal Air Maroc.

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