COP 23 : l’Afrique au cœur des débats

Alors que les émissions liées à l’industrie et à la combustion d’énergies fossiles se sont accrues en 2017 et que de nombreux rapports affirment que la Terre se rapproche de « points de bascule » irrémédiables, l’Afrique était au cœur des discussions du 15 novembre, à Bonn.

Des femmes lavent leur linge dans une rivière presqu’à sec, en Ouganda, le 18 octobre 2017. © Adelle Kalakouti/AP/SIPA

Des femmes lavent leur linge dans une rivière presqu’à sec, en Ouganda, le 18 octobre 2017. © Adelle Kalakouti/AP/SIPA

Publié le 16 novembre 2017 Lecture : 3 minutes.

« L’Afrique n’est responsable que de 4 % des émissions de gaz à effet de serre, mais le changement climatique coûtera 50 milliards de dollars par an au continent », estime la Banque africaine de développement (BAD). Pour le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, « l’Afrique souffre au quotidien de ce changement climatique ». Le chef d’État s’exprimait à Bonn, dans le cadre de la journée de l’Afrique de la Cop 23.

L’Afrique, parent pauvre des financements climatiques

Une journée qui a notamment permis le lancement officiel de la Plateforme africaine pour les Contributions déterminées au niveau national (Africa NDC Hub), une initiative de la BAD qui compte aujourd’hui 11 partenaires, destinée à aider les pays d’Afrique à appliquer leurs Contributions déterminée au niveau national (CDN) respectives.

la suite après cette publicité

Pour rappel, sur les 168 pays à avoir ratifié l’Accord de Paris à ce jour, 43 sont africains – soit plus de 78 % des pays du continent. À la COP21 à Paris, les pays développés avaient réitéré leur promesse de fournir 100 milliards de dollars de financements climatiques annuels dès 2020. À ce jour, cependant, l’Afrique n’a bénéficié que de moins de 4 % des flux en ce domaine, selon la BAD.

Des émissions en hausse de 2 % en 2017

Après trois années stables, les émissions liées à l’industrie et à la combustion d’énergies fossiles devraient croître de 2 % (entre 0,8 et 2,9%) cette année par rapport à 2016 et atteindre un niveau record, soulignent les chercheurs du Global Carbon Project.

Leur étude vient confirmer les sombres conclusions du dernier rapport de l’agence Environnement de l’ONU (Pnue), qui relevait que le monde ne faisait pas assez d’efforts pour tenir les objectifs de l’accord de Paris visant à garder le réchauffement planétaire sous 2°C, voire 1,5°C. Pour y parvenir, « il faudrait que les émissions atteignent leur « pic » ces prochaines années puis diminuent rapidement », rappelle une des auteurs, Corinne Le Quéré.

« Recul pour le genre humain »

la suite après cette publicité

Les deux grands pollueurs sont à l’origine du boom des émissions. La Chine a de son côté vu sa production industrielle bondir, pendant que la consommation de charbon est repartie à la hausse aux États-Unis et que l’Union européenne n’a pas fait suffisamment d’efforts.

« Cette nouvelle est un recul pour le genre humain, a réagi Amy Luers, directrice de Future Earth, plateforme de recherche soutenant le Global Carbon Project. Nous devons renverser cette tendance. Ce qui signifie en priorité fournir un accès à une énergie propre aux centaines de millions de personnes encore privées d’électricité ».

Il faut plus que des discours chaleureux. Le charbon doit être abandonné

la suite après cette publicité

Bien visible, le dérèglement menace désormais un quart des sites naturels du Patrimoine de l’Unesco, alerte l’Union internationale pour la conservation de la nature. Avec le réchauffement croissant, la Terre se rapproche ainsi de « points de bascule » irrémédiables : fonte de calottes polaires ou encore disparition de glaciers, a prévenu un rapport scientifique remis lundi à l’ONU

L’ « effrayant « bilan des émissions 2017″ montre qu’il faut plus que des discours chaleureux, s’est alarmé Mohamed Adow, dont l’ONG Christian Aid défend les pays vulnérables. Le charbon doit être abandonné, les (énergies) renouvelables accélérées ».

Washington défend les énergies fossiles

Reste que l’abandon du charbon ne semble pas être à l’agenda des États-Unis de Donald Trump, climato-sceptique revendiqué. Lundi soir, des responsables de son administration étaient d’ailleurs à Bonn pour défendre les énergies fossiles, au cours d’une réunion perturbée par des défenseurs des énergies vertes.

« Il ne fait pas de doute que les énergies fossiles vont continuer à être utilisées », a déclaré George David Banks, assistant du président américain pour l’énergie, plusieurs fois interrompu par des militants aux cris de « menteur ! ».

La 23e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques de Bonn se poursuit jusqu’au 20 novembre.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires